Le secrétaire général de l’ONU a exprimé « son soutien total » au processus de dialogue, initié par la Suisse, qui entend jouer le rôle de facilitateur dans la crise qui secoue les régions du nord-ouest et du sud-ouest du Cameroun. Cependant, pour l’analyste politique et directeur exécutif de l’Africa policy forum, Eric Acha, le choix de la Suisse est bien loin d’être neutre.
Dans un communiqué, le gouvernement fédéral a précisé qu’une réunion préparatoire avec des opposants – la deuxième du genre – a eu lieu cette semaine dans les Alpes valaisannes avec, pour objectif, de trouver une solution « pacifique et durable » à la crise qui secoue ces régions camerounaises.
« Relever les défis »
Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU, félicite « les autorités camerounaises et les autres parties prenantes pour ce pas positif » pour « relever les défis auxquels le pays est confronté ».
L’investissement des Suisses dans cette crise a également été salué par les Etats-Unis, par la voie de Tibor Nagy, secrétaire général adjoint en charge de l’Afrique.
Joint par RFI, Eric Acha, analyste politique et directeur exécutif de l’Africa policy forum, considère cependant que ce choix de la Suisse est bien loin d’être neutre.
« La Suisse s’est mise dans une situation très compliquée et délicate et la seule manière pour le gouvernement suisse de s’en sortir, c’est de rester le plus neutre possible. Car en effet, la Suisse – et Genève en particulier – est la deuxième maison de Paul Biya. Paul Biya gouverne même le Cameroun depuis la Suisse et il y a vécu des années, si vous comptez bien depuis son accession au pouvoir en 1982. Il a beaucoup d’investissements en Suisse. On soupçonne que la plupart des fonds qu’il a détournés au Cameroun s’y trouvent. Donc la Suisse a un intérêt particulier dans la situation du Cameroun et de Paul Biya. Ils vont avoir du mal à passer pour complètement neutres. Alors est-ce qu’ils ont décidé de se lancer dans cette médiation à cause de cet intérêt à protéger ? Ou est-ce qu’ils ont décidé de se hisser à un autre niveau pour faire une véritable médiation parce qu’ils pensent pouvoir jouer un rôle dans un conflit de cette nature ? », interroge l’analyste Eric Acha.
Indignation suisse
Par ailleurs, le gouvernement suisse a fait part de son indignation, samedi, suite à une manifestation de la diapsora camerounaise qualifiée de « spectacle ubuesque qui déshonore le Cameroun ». Ce rassemblement aurait perturbé le séjour du couple présidentiel en Suisse.