Suite de l’affaire de l’Américaine attaquée en justice pour exercice illégal de la médecine en Ouganda. Pour l’avocate à l’origine de la poursuite, cette affaire n’est que la pointe de l’iceberg. Les étrangers qui font fi de la réglementation ougandaise en matière de santé publique seraient si nombreux que maître Beatrice Kayaga parle, non sans ironie, d’un « effet de mode ». Dans cette affaire, il est allégué que Renee Bach et son ONG chrétienne auraient provoqué la mort de centaines d’enfants de 2009 à 2015 dans un centre de santé du district de Jinja, dans l’est du pays. Aux yeux de maître Kayaga, qui dirige une association d’aide juridictionnelle, il est grand temps que le gouvernement se penche sur les activités des étrangers dans le secteur de la santé.
L’Américaine visée par la poursuite, Renee Bach, est désormais de retour aux États-Unis. Malgré cela, maître Kayaga espère que cette affaire fera comprendre aux autorités ougandaises l’importance d’être plus vigilantes, d’autant plus que l’ONG chrétienne qui est elle aussi attaquée en justice est encore sur place.
L’avocate espère que le procès ouvrira les yeux du public et du gouvernement de Kampala sur les ONG dans le domaine de la santé, même celles qui sont dument enregistrées : « Au bout du compte, ce qu’il faut retenir, c’est l’urgence de réformer nos lois. Quand le gouvernement verra ce qui s’est vraiment passé, il sera en mesure d’adopter de nouvelles lois pour mieux réglementer des ONG étrangères. Il faut s’assurer qu’elles font vraiment ce qu’elles disent faire. C’est vrai au niveau de l’Ouganda, mais aussi au niveau mondial. Parce que ces gens-là peuvent mettre des vies en danger partout. »
Maître Kayaga pointe un certain « laxisme » des autorités, le district de Jinja ayant mis six ans avant d’ordonner la fermeture du centre de santé incriminé en 2015. L’ONG chrétienne qui le dirigeait, Serving His Children (Au service de ses enfants), a ouvert un autre centre de santé dans le district voisin de Mayuge. Il travaillerait en étroite collaboration avec un centre de santé publique.
Sollicités par RFI, Aequitas Advocates, le cabinet d’avocats qui défend Renee Bach, et Serving His Children, son ONG, n’ont pas souhaité s’exprimer. En 2018, cette organisation a exprimé des regrets et demandé « humblement d’être pardonnée ».