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[Reportage] Somalie: à Mogadiscio, la violence n’est plus vue comme une fatalité

l’Amisom continue d’essayer de grignoter du territoire aux islamistes shebabs. En début de semaine, la force africaine a conquis la localité d’El Salin, dans le sud du pays. Mais les terroristes constituent une menace permanente, même à Mogadiscio dont ils ont été chassés en 2011. Mi-juin, ils ont fait exploser une voiture piégée causant la mort de dix personnes. Les habitants eux sont désormais habitués à la violence, et ont appris à vivre avec.

Mogadiscio, c’est à la fois des quartiers, des routes, des marchés, des boutiques, comme toute autre ville, mais aussi parfois des checkpoints, des murs de béton, des barbelés et des véhicules blindés en patrouille. Latifa revend des vêtements achetés en gros. Elle assure qu’il y a une vie derrière cette atmosphère anxiogène.

« C’est la routine. On se lève le matin, on va travailler sans peur au ventre. Je change simplement de programme si un attentat a lieu sur mon chemin et que les routes sont fermées. Vous savez quand votre heure est venue, vous ne pouvez rien faire. Donc c’est inutile de vivre dans la terreur. C’est notre pays, notre ville, on n’a nulle part ailleurs où aller. Donc on doit s’habituer. »

Certains sont même optimistes pour l’avenir. Mundir Abdirazak est à la fois étudiant et vendeur de téléphones. Il croit en son pays, même si la guerre civile a gâché son enfance.

« J’ai très peu de bons souvenirs. J’ai grandi dans une violence extrême. À cause des combats, on devait fuir nos maisons pour rejoindre des camps. Mais j’ai vu la sécurité s’améliorer d’années en années. Et aujourd’hui il y a beaucoup de motifs d’espoir. »

Des Somaliens tournés vers l’avenir et optimistes malgré les shebabs ? Yousra Muhammad confirme. Elle vante même son pays, comme une carte postale.

« On a des choses que beaucoup de pays en paix n’ont pas. Des fruits de mer frais, des plages, un climat agréable, un port, un aéroport, on produit des légumes. Donc moi je ne prends pas de précautions. Parfois je passe par des endroits où il y a eu un attentat quelques heures plus tôt. Mais je continue ma route. »

Tout le monde est unanime : la vie n’a cessé de s’améliorer à Mogadiscio depuis le départ des shebabs en 2011. Pour autant, les islamistes contrôleraient encore environ 20% du territoire somalien.

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