En marquant les deux buts qui ont permis au Cameroun d’arracher sa qualification pour les huitièmes de finale de la Coupe du monde face à la Nouvelle-Zélande, Ajara Nchout a vaincu le sort qui semblait s’acharner sur son équipe.
De notre envoyé spécial à Montpellier,
« Il faut imaginer Sisyphe heureux », concluait Albert Camus dans son Mythe de Sisyphe. A Montpellier, ce jeudi, pour leur ultime match de poule de Coupe du monde face à la Nouvelle-Zélande, les Camerounaises avaient quelque chose du fils d’Eole, condamné à rouler sans cesse une pierre en haut de la montagne avant de la voir dégringoler de l’autre côté. A l’image de l’infatigable Gabrielle Onguéné, malheureuse dans ses tentatives, les Lionnes n’ont cessé de remonter un ballon qui s’obstinait à ne jamais atterrir là où il le fallait : dans la cage gardée par la gardienne Erin Nayler.
Il fallait rompre le sortilège. C’est alors qu’Ajara Nchout a surgi. Par deux fois. Comme deux éclairs. Dans une équipe dominatrice mais stérile, la joueuse de 26 ans a choisi de balancer un grand coup de pied dans le mythe. En tout cas, de secouer le destin de toute une équipe.
« La dernière action de notre vie »
A 0-0 dans un match où seule la victoire comptait, on jouait depuis près d’une heure et les Camerounaises ne trouvaient pas l’ouverture face à un adversaire limité techniquement mais toujours vaillant. Il y eut d’abord cette superbe volteface dans la surface adverse par laquelle Ajara Nchout s’ouvrit le chemin du but pour tromper Nayler une première fois.
Quand Aurelle Awona marqua contre son camp d’une volée dévissée, on crut que le Cameroun avait repris les habits de Sisyphe. Puis le temps s’écoula. Vite. Trop vite pour espérer se soustraire une nouvelle fois à la force du mythe.
Survint alors la 95e minute. L’ultime chance d’une ultime contre-attaque. « Quand j’ai eu ce ballon dans la surface de réparation, a commenté Ajara Nchout, je me suis dit que c’était la dernière action de notre vie. Voilà pourquoi j’ai gardé la tête froide. Puis j’ai mis le ballon au fond. » Au fond. Pas au dessus. Pas à côté. Ni dans les mains de Nayler. Cette fois, c’était au fond ! « On n’a pas voulu s’en remettre au hasard », a conclu Ajara Nchout. Un mythe s’est écroulé. Une étoile est née.
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