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Niger: retour au calme à Maradi après l’incendie d’une église samedi soir

Une église a été incendiée samedi soir à Maradi par des manifestants qui protestaient contre l’arrestation d’un chef religieux musulman. Ce dernier avait qualifié vendredi « d’anti-islam » un projet de loi du gouvernement sur l’organisation de l’exercice du culte dans le pays.

Après les violentes manifestations de samedi, le calme est de retour à Maradi. L’influent chef religieux cheikh Rayadoune a pu regagner son domicile après avoir passé plusieurs heures en garde à vue.

Avant sa libération, il a appelé ses fidèles au calme dans un message audio enregistré dans les locaux du commissariat de police et diffusé sur les réseaux sociaux. L’imam de la mosquée a avoué avoir été induit en erreur dans l’interprétation du projet de loi sur le culte au Niger et promis de corriger cette erreur dans son sermon de vendredi prochain, jour de la grande prière.

Avec le gouverneur de la région de Maradi, il s’est présenté dans les locaux de l’église saccagée et brûlée par les manifestants pour présenter, rapporte-t-on, ses excuses publiques aux chrétiens.

Cette mauvaise interprétation du projet de loi a eu pour conséquence des dégâts importants et la résurgence de l’intolérance religieuse. Les manifestants s’en sont pris à des lieux de culte chrétiens. L’église des Assemblées de Dieu a été totalement brûlée dans le quartier Zaria. Dans un autre secteur, c’est l’église Vie abondante qui a connu un début de saccage.

Au total, 178 manifestants ont été interpellés. Ils répondront de leurs actes, assure une source proche du gouvernorat de Maradi. La police de son côté tente de savoir qui a pu manipuler les religieux et dans quel but.

Un projet de loi pour encadrer les cultes

Le projet de loi qui a mis le feu aux poudres est un document de six pages qui a pour objet de doter le Niger d’un cadre juridique relatif à la pratique du culte. Plusieurs séances de travail et consultations de haut niveau avec d’éminents oulémas et spécialistes des questions religieuses ont précédé sa rédaction. Il doit être discuté ce lundi au Parlement en vue de son adoption.

Dans le projet présenté et adopté en Conseil des ministres en avril, il est écrit : « C’est pour prévenir les risques de dérives constatées dans d’autres pays qu’il s’avère impérieux que l’État se donne les moyens d’un plus grand contrôle des pratiques qui ont cours dans la sphère religieuse ». « Si l’on ne prend garde, ajoute le document, le faible encadrement de l’État du fait religieux peut être source d’instabilité et d’insécurité dans un environnement sous-régional marqué par l’apparition d’organisations terroristes. »

Un peu plus loin dans le document soumis aux députés, on peut lire que « l’État veille à l’exercice du culte, à la coexistence pacifique des religions, ainsi qu’à la promotion du dialogue au sein et entre les religions ». Enfin, que « l’État fixe les conditions de création et de gestion des établissements d’éducation, de formation et d’animation des activités confessionnelles dans chaque religion ».

En termes clairs, selon les experts, pour construire un lieu de culte, une demande d’autorisation et une déclaration des sources de financement sont obligatoires. Nulle part dans le document, il n’est question de mariage homosexuel, objet de la manipulation qui a conduit à l’interpellation du chef religieux.

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