L’Observatoire des lieux de détentions qui regroupe 28 ONG intervenant dans le milieu carcéral ivoirien vient de publier un rapport. Et le constat est accablant. Le taux de surpopulation carcérale atteint les 266%.
Au 31 août dernier, la Côte d’Ivoire comptait 18 592 prisonniers pour une capacité de 6 989 places dans ses quelque 34 lieux de détentions répartis sur le territoire. Soit un taux de surpopulation carcérale de 266%.
D’ailleurs, selon le rapport de l’Observatoire des lieux de détentions, un tiers de ces prisonniers sont des prévenus, c’est-à-dire qu’ils sont en attente d’un jugement, souvent depuis plusieurs années. Et la tendance est même à la hausse, puisque selon le président de l’Observatoire, Paul Angaman, les derniers chiffres de la population carcérale datant d’avril dernier seraient en passe d’atteindre les 19 000 prisonniers.
Conditions de vie dégradées
Mais au-delà des chiffres, il y a les conditions de vie des détenus. Les prisons ivoiriennes sont vétustes, les risques sanitaires y sont considérables. Et de nombreux détenus souffrent de malnutrition puisque les rations, quand il y en a, sont insuffisantes.
Le même constat avait été dressé en janvier par le président du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) de passage à Abidjan et qui avait pu visiter la MACA, la prison d’Abdijan. « Il faut réformer le système pénal et faire respecter les garanties judiciaires », avait déclaré Peter Maurer, qui avait aussi plaidé pour des alternatives à la détention.
Depuis, le Code pénal a été réformé. « Le nouveau code préconise des mesures alternatives. Mais ce sont des coquilles vides, sans contenu », déplore Paul Angaman. « Nos prisons sont toujours dans la répression alors qu’elle devrait être dans l’éducation », ajoute le président de l’Observatoire qui plaide pour que les détenus bénéficient de formations, de resocialisation et d’aide à la réintégration lorsqu’ils sont derrière les barreaux.
