Une vingtaine de partis politiques et d’organisations de la société civile avaient appelé à un rassemblement à Dakar, vendredi 14 juin, en réaction à l’affaire Aliou Sall, du nom du frère du président Macky Sall. D’après une enquête de la BBC, il aurait touché 250 000 dollars de pots-de-vin dans le cadre de l’attribution de deux concessions pétrolières au géant britannique BP. La manifestation n’avait pas été autorisée en raison de « menaces de troubles à l’ordre public » d’après une source policière. Les participants ont été dispersés à coup de gaz lacrymogènes.
Les abords de l’Obélisque à Dakar sont clairsemés ce vendredi. Le dispositif policier bloque l’accès à la place. « On aimerait que la lumière soit faite sur ces contrats pétroliers et gaziers, explique Simon Kouka du mouvement citoyen Y’en a Marre. On est venus pour que la justice s’autosaisisse. » L’interview est interrompue. Simon Kouka est arrêté par les forces de l’ordre.
Étudiant, Abdoulaye Faye regrette de ne pas avoir pu manifester. « On a été dispersés, affirme-t-il. On n’est pas surpris car c’est comme ça à chaque fois que les jeunes ou la population se réunit ici. Ce que nous vivons actuellement, c’est du jamais-vu. Les jeunes n’ont même pas le droit de se réunir, de se rassembler pour dire ce qui va et ce qui ne va pas. »
« Macky corrompu », scande l’éphémère cortège dans une des rues adjacentes, ciblant directement le président Macky Sall. Le nom d’Aliou Sall, le frère du président, est plusieurs fois cité par les manifestants.
Seyna Boubeye accuse l’État d’avoir tout fait pour empêcher le rassemblement. « Ils n’accepteront jamais cette manifestation et on restera dans la rue pour défendre nos intérêts, assure-t-elle. On ne laissera pas Frank Timis, ni Aliou Sall, ni qui que ce soit dilapider nos ressources. On sera là, on défendra l’intérêt de nos enfants, de nos petits-enfants, de nos frères, de nos sœurs, de nos grands-pères. C’est l’avenir du Sénégal qui est en jeu et on est là pour le défendre. »
En tout, une vingtaine d’interpellations ont eu lieu d’après une source policière.
L’enquête est ouverte depuis mercredi au sujet des éléments révélés par la BBC. « Un tissu de contrevérités » d’après le gouvernement.