Après le Rwanda à deux reprises et l’Angola, le président Félix Tshisekedi est désormais attendu ce vendredi 14 juin à Bujumbura après deux jours passés en Tanzanie. Officiellement, les services de communication de la présidence, qui se veulent discrets, évoquent une « simple visite de courtoisie », mais des sources des deux parties assurent que les discussions entre Félix Tshisekedi et son hôte burundais devraient être dominées par la question de la sécurité à la frontière des deux pays et la présence de nombreux groupes armés qui sévissent dans l’est de la RDC, alors que Bujumbura vient de bouder la dernière réunion qui a réuni à Kinshasa les services de renseignement de la région.
Malgré les dénégations des deux capitales, l’armée burundaise et des groupes de jeunes Imbonerakure membres de la Ligue des jeunes du parti au pouvoir ont lancé jusqu’en mars 2019 et avec l’accord tacite des autorités congolaises, des opérations militaires contre les groupes armés burundais basés dans la province du Sud-Kivu. Depuis ils se seraient retirés de RDC, des informations confirmées notamment par le groupe d’experts sur ce pays.
Bujumbura espère selon une source sécuritaire, que les liens privilégiés qui ont été noués à l’époque du président Joseph Kabila vont être redynamisés à cette occasion.
Mais rien n’est certain. Le président congolais travaille depuis le début à une solution régionale en vue de neutraliser tous ces groupes armés, mais « c’est sans compter avec le fait qu’ils sont utilisés par chacun pour déstabiliser son voisin » selon un spécialiste.
Un axe Kigali-Kinshasa « en plein développement »
Bujumbura s’inquiète également du rapprochement entre Tshisekedi et le président rwandais Paul Kagame, qu’il qualifie d’« ennemi ». Le président congolais devrait tenter de le rassurer sur le fait qu’« il n’est pas question de privilégier l’un au détriment d’un autre », selon un de ses proches, qui ne nie pas toutefois l’existence d’un axe Kigali-Kinshasa « en plein développement ».
Autre sujet à l’ordre du jour, la demande d’adhésion de la RDC à l’EAC, la communauté des États d’Afrique de l’est dont le Burundi fait partie. La RDC, un marché de plus de 90 millions de personnes, attise les convoitises de ses voisins.