Le Kenya ferme sa frontière avec la Somalie pour une durée indéterminée au niveau de Lamu, une ville située au nord du Kenya à 100 km de la frontière. La presse locale évoque des raisons de sécurité. Le groupe terroriste shebab intensifie ses attaques armées dans la région. Mais au-delà de cette raison officielle, c’est bien un bras de fer diplomatique qui se joue depuis plusieurs mois entre le Kenya et la Somalie.
C’est le point d’orgue de la crise diplomatique entre le Kenya et la Somalie. En toile de fond : un territoire maritime au potentiel pétrolifère que se disputent les deux pays. Pour faire pression, le Kenya multiplie les mesures préjudiciables contre son voisin du nord. Parmi les plus récentes, la fermeture de la ligne aérienne directe entre Mogadiscio et Nairobi et l’interdiction d’entrée sur le territoire kényan pour plusieurs officiels somaliens.
Mais il y a aussi des raisons politiques alors que l’élection présidentielle en Somalie se tiendra en 2020. Le Kenya ne soutient pas le président sortant, Mohamed Farmajo, et ferait tout pour le fragiliser en soutenant son grand rival Ahmed Madobe. L’homme préside l’État du Jubaland depuis 2012 et doit son accession au pouvoir aux forces kényanes à l’époque. Ce que n’a jamais digéré Mogadiscio depuis.
Ahmed Madobe, en conflit avec le gouvernement central, fera face aux urnes au mois d’août prochain. Un scrutin crucial, car de son côté, Mohamed Farmajo, le président somalien, compte bien rempiler pour un second mandat l’an prochain et reprendre la main sur les États régionaux du pays.