En Côte d’Ivoire, la polémique ne retombe pas après des propos tenus par l’ancien chef de l’État et président du PDCI Henri Konan Bédié sur les étrangers. Des propos contre lesquels le gouvernement a officiellement réagi ce week-end. Et ce lundi, le PDCI a tenu à défendre son président expliquant qu’il ne faisait que « porter l’attention sur des faits inquiétants ». Mais à moins d’un an et demi de la présidentielle et alors que le pays fait face à de nombreux conflits intercommunautaires locaux, ce genre de débat sent le soufre.
Tout commence mercredi 5 juin. Face à des représentants PDCI venus de Koumassi, Henri Konan Bédié dénonce le phénomène de l’orpaillage clandestin pour lequel, dit-il, « on fait venir des étrangers armés qui sont stationnés dans beaucoup de villages ». Il dénonce aussi une fraude organisée à l’identité ivoirienne, pointant en particulier la commune d’Abobo dans le nord d’Abidjan. « Si c’est pour venir fausser les élections de 2020 nous voulons le savoir », s’interroge encore le patron du PDCI qui ajoute : « Il faut que nous réagissions pour que les Ivoiriens ne se sentent pas étrangers chez eux ».
Samedi, le gouvernement ivoirien a réagi dans un communiqué signé de son porte-parole Sidi Touré, dénonçant « des propos d’une extrême gravité, de nature à mettre en péril l’unité nationale ». Et d’ajouter que « l’instrumentalisation de la haine de l’étranger par le président Henri Konan Bédié et les dérives qui en ont résulté ont été à la base des différentes crises que notre pays a connues depuis la mort du président Houphouet Boigny ».
Séance de justification ce lundi lors d’une conférence de presse en forme de meeting de Jean Louis Billon, en charge de la communication du PDCI. « Henri Konan Bédié n’a fait que porter à l’attention de l’opinion des faits troublants et inquiétants », déclare l’ancien ministre qui estime que « l’orpaillage clandestin est la principale raison des conflits intercommunautaires sur l’ensemble du territoire ». Pour Jean Louis Billon c’est le gouvernement qui instrumentalise ces questions en surréagissant, pour « détourner les Ivoiriens de leurs préoccupations ».