Cela fait deux ans jour pour jour que le procès chargé de faire la lumière sur le meurtre d’experts de l’ONU au Kasaï, en mars 2017, est ouvert. Deux ans de procédure en pointillé qui continuent de susciter beaucoup de questions, notamment sur l’implication d’agents de l’État. RFI et des médias partenaires avaient régulièrement pointé du doigt ces deux dernières années le rôle joué par des agents des services de sécurité et des officiers de l’armée congolaise. Certains avaient été arrêtés, mais ils n’ont jamais été inculpés pour le meurtre de Michael Sharp et Zaida Catalan. L’auditeur général de l’armée, le général Tim Munkuntu, promet qu’ils seront formellement accusés et présentés devant la justice dans les tout prochains jours.
Pour le général Munkuntu, c’est une affaire de jours. José Tshibuabua, Thomas Nkashama et le colonel Jean de Dieu Mambweni seront inculpés pour association de malfaiteurs, meurtre et terrorisme. Les deux premiers s’étaient présentés aux experts comme des proches du chef coutumier Kamuina Nsapu et non comme des informateurs ou des agents des services de renseignement. José Tshibuabua et Thomas Nkashama avaient menti à Michael Sharp et Zaida Catalan pour les emmener sur les lieux où ils ont été tués.
Inspecteurs à la direction générale des migrations
Tous deux ont obtenu après le meurtre des postes d’inspecteurs à la direction générale des migrations. Cela fait plus d’un an et demi qu’ils ont été arrêtés, sans être formellement inculpés pour le meurtre, ni comparaître sur le banc des accusés. Le troisième agent arrêté, cette fois depuis décembre dernier, n’a même jamais comparu devant un juge. Il s’agit du colonel Jean de dieu Mambweni qui a organisé la mission des experts et pourrait s’être rendu sur les lieux le jour du meurtre.
« Pour citer plusieurs personnes, Jean de Dieu Mambweni, Thomas Nkashama, ils n’ont pas été interpellés au même moment. Mambweni, c’est plus récemment que les autres, mais nous sommes suffisamment avancés. Nous avons déjà libellé les préventions. On va devoir saisir la cour militaire du Kasaï central. En tout cas, au cours de la première quinzaine du mois de juin, la cour va être saisie et ils seront déférés devant les juges », explique le général Tim Munkuntu.
Nouvelle composition de la cour
Pour juger Jean de dieu Mambweni pour le meurtre des experts, il faudra sans doute une nouvelle composition de la cour, dit-on du côté de la justice militaire congolaise. Avec quel retard encore dans la procédure ? Et comment expliquer que ce retard ne concerne que ceux qui sont agents de l’État ?
« Le retard ne concerne pas seulement ceux qui sont agents de l’État. Il n’y a pas que Mmbweni, Thomas Nkashama, José Tshibuabua. Tous ceux qui ont participé au « tribunal » qui a jugé les experts avant leur « mise à mort », ce ne sont pas des agents de l’État. Il n’y a pas que des agents de l’État. Avant le 15 juin, ce groupe-là va être déféré pour l’assassinat des experts de l’ONU. Ils vont comparaître pour ce dossier-là. Formellement, ils sont accusés d’association de malfaiteurs, de terrorisme et de meurtre », poursuit-il.
En tout cas, pour les proches des deux experts, peu importe le temps que le procès prendra, ils souhaitent que la justice congolaise fasse toute la lumière sur les auteurs du double meurtre, comme sur ses commanditaires.
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