L’ONU a décidé de réduire de mille hommes la force de maintien de la paix de l’Union africaine en Somalie, l’Amisom. Un vote unanime d’une résolution britannique qui étend toutefois le mandat de l’Amisom d’un an. L’ONU souhaite se désengager à terme du terrain somalien et laisser la main au gouvernement central, encore très fragile. Quel impact cette décision pourrait-elle avoir dans la lutte contre les islamistes shebab ?
L’Amisom est désormais limitée à un peu plus de 19 600 hommes. La décision pourrait être réétudiée si la situation s’aggrave en Somalie. Mais pour Abdullahi Shahow, chercheur à l’International Crisis Group, l’ONU vient de prendre là une mauvaise décision, susceptible, dit-il, de déstabiliser les troupes sur plusieurs lignes de front.
Pour Matt Bryden, co-fondateur du groupe Sahan Research, cette décision reflète la confusion qui règne au sein même du Conseil de sécurité de l’ONU. Les membres ne s’accordent pas sur la marche à suivre en Somalie. Certains veulent en sortir au plus vite, quand d’autres souhaitent au contraire maintenir la mission de paix.
Réduire les troupes de 1 000 hommes ne changera pas grand-chose, estime Matt Bryden, mais c’est une manière de couper la poire en deux. Cela dit, le vrai enjeu, selon lui, sont les prochaines élections en Somalie prévues l’an prochain et la capacité du gouvernement à les organiser.
Pour le chercheur, le problème de la Somalie aujourd’hui est davantage la crise qui persiste entre les États régionaux et le gouvernement fédéral. Une situation qui pourrait déstabiliser le pouvoir à l’issue du scrutin et dont tireraient forcément avantage les islamistes shebab.