Au Soudan, les protestataires mettent leurs menaces à exécution. L’Alliance pour la liberté et le changement, mouvement à la tête de la révolte contre le pouvoir, a annoncé une grève générale mardi et mercredi 29 mai. Le mot d’ordre est lancé alors que le dialogue avec les militaires qui ont fait chuter Omar el-Béchir le 6 avril, est dans une impasse.
L’annonce a été faite sur la plus grande scène du sit-in, le centre névralgique de la contestation.
Mardi et mercredi, une grève générale sera donc lancée « dans les sociétés publiques et privées de tous les secteurs professionnels », a déclaré l’ALC avant d’ajouter que « des rassemblements » se tiendront aussi à Khartoum et dans les provinces.
Les civils parlaient de leur ultime carte. Ils ont finalement décidé de l’abattre. Le mouvement explique avoir été « contraint de recourir à cette action pacifique faute d’alternative ».
Le dialogue avec les militaires au pouvoir est à l’arrêt. Les négociations bloquent sur le partage des postes au sein d’un Conseil souverain censé diriger une transition de trois ans jusqu’à des élections.
Rachid Saïd Yacoub, porte-parole de l’Association des professionnels, explique que les putshistes veulent à la fois la majorité des membres et la présidence du Conseil. « On est prêt à céder sur un point mais pas sur les deux », dit-il. Pour lui, cette grève se tiendra dans un contexte fragile, avec des incertitudes sécuritaires.
« On voit beaucoup de milices en ville. Certaines ne sont pas sous contrôle », explique Rachid Saïd Yacoub, qui évoque au passage un autre scénario, celui de nommer des institutions civiles parallèles et demander leur reconnaissance internationale.
En attendant, la grève va se préparer avec, d’ici mardi, une campagne de rencontres et débats, des manifestations ou encore la création de comités de grève au sein des entreprises.