En Afrique du Sud, le président Cyril Ramaphosa doit prêter serment ce samedi 25 mai, et ce après la victoire de son parti l’ANC aux élections législatives d’il y a 2 semaines avec un peu plus de 57% des votes. C’est un nouveau départ pour Cyril Ramaphosa, qui a remplacé il y a un an l’ex-président Jacob Zuma, forcé de démissionner par son propre parti. Après 10 années de présidence Zuma marquée par des scandales de corruption, Ramaphosa va devoir faire face à une tâche gigantesque.
Lutter contre la corruption, relancer l’économie, Cyril Ramaphosa a promis d’être l’homme du changement. Pour les analystes politiques, sa priorité va être de convaincre qu’il est le président de tous les Sud-Africains, et pas juste de l’ANC, le parti au pouvoir.
Mais surtout, il va devoir convaincre les marchés, les investisseurs étrangers, les chefs d’entreprises qu’il est prêt à rompre avec les pratiques de son prédécesseur, embourbé dans les scandales financiers. Et qu’il a une stratégie pour relancer l’économie.
Pour Mélanie Verwoerd, ancienne député ANC et analyste politique, le choix de son gouvernement va être une première indication de cette volonté de changement. « Le vrai test va être la composition du cabinet, qu’il doit nommer dimanche ou lundi, alors pas tellement s’il renomme des proches de l’ex-président Zuma, mais plus plutôt s’il nomme des personnes compétentes à des postes clés, comme l’économie, l’industrie, la sécurité. S’il choisit les bonnes personnes et s’il fait venir de nouvelles têtes nouvelles. »
Ramaphosa va-t-il en avoir les moyens de ces ambitions ? Au sein de l’ANC, il reste entouré de partisans de l’ancien président Jacob Zuma, dont certains voient d’un mauvais œil les réformes à venir, notamment la lutte contre la corruption qui pourrait compromettre certains.
Des hauts cadres de l’ANC qui ont encore un important pouvoir de nuisance selon certains analystes politiques.
■ Analyse : Ramaphosa va aussi devoir faire face à une opposition au sein de son propre camp
« La grosse incertitude pour lui provient de son propre parti, l’ANC, estime l’analyste politique, Richard Callard de l’université du Cap. Malgré l’opposition en interne, il est parvenu à réaliser beaucoup de choses, en un an et demi. Il a mis sur pied des commissions pour enquêter sur la corruption, réussi à mettre des personnes compétentes à des postes clés, comme le procureur général de la République.
Les pro-Zuma ne sont pas aussi forts qu’ils l’étaient. Ils ont perdu leur leader Zuma. Ils sont sur la défensive, car ils savent qu’ils ont affaire à un président fort, prêt à s’attaquer à la corruption. Mais cela ne veut pas dire que ces partisans de Zuma ne sont pas dangereux, ils sont encore très présents, très actifs. Et sont prêts à se battre jusqu’au bout.
Ramaphosa doit donc utiliser son pouvoir, sa légitimité – obtenue lors de ces élections puisque c’est réellement lui plus que l’ANC qui a gagné – et il doit utiliser cette légitimité pour écraser ses ennemis.
Il a posé les fondations, maintenant il doit les utiliser pour aller de l’avant. Et pour cela il doit encore gagner quelques batailles politiques au sein de l’ANC. »