Au Soudan, les préparatifs sont toujours en cours pour le déclenchement d’une grève générale et d’un mouvement de désobéissance civile, deux jours après l’échec du dernier round de pourparlers entre civils et militaires. Les négociateurs ne sont pas parvenus à s’entendre sur la composition et la présidence du Conseil souverain qui sera chargé de piloter la transition jusqu’aux élections. Cela étant, les discussions ne sont pas tout à fait interrompues et chaque camp semble aujourd’hui engagé dans une partie d’échecs pour revenir aux négociations en position de force.
D’un côté, toute la journée de ce mercredi et encore ce matin, la mobilisation populaire poursuit sa montée en puissance. Des comités professionnels représentant les employés de banque, les taxis, les transporteurs, les ingénieurs de la compagnie d’électricité, soit quasiment tous les secteurs de l’économie soudanaise, se déclarent en faveur de la révolution. Et de l’autre, en guise de riposte, le Conseil militaire a annoncé hier soir avoir levé toutes les restrictions de l’ancien régime concernant les syndicats. L’idée, bien sûr, a aussitôt accusé l’opposition, est de court-circuiter la mobilisation populaire inédite qui commençait à s’organiser un peu partout dans le pays.
Le comité technique à la manœuvre
Côté négociations, les choses avancent malgré tout. Un comité technique, composé de deux civils et deux militaires, continue à discuter discrètement de différents scénarios possibles pour sortir de l’impasse. En cas d’accord au sein de ce comité technique, les pourparlers formels pourraient reprendre en quelques heures, et clore définitivement le dossier du Conseil souverain.
Les mouvements se font aussi au sein même de la junte militaire aussi, d’ailleurs. L’un de ses membres, le général Mustafa Mohamed Mustafa, ancien directeur des renseignements militaires, a démissionné hier, selon plusieurs sources. Il était vu comme le dernier islamiste au sein du Conseil militaire. Trois autres généraux islamistes avaient déjà quitté le groupe de généraux fin avril, juste avant le début des négociations avec les civils. Ce pourrait être un signe que les militaires, malgré le bras de fer, sont prêts à donner quelques gages. C’est d’ailleurs le sens de la déclaration du numéro deux du régime, le désormais célèbre général Hemeti. Dans une interview donnée à un journal égyptien, mercredi, il affirme son impatience à transférer le pouvoir à un gouvernement civil, en affirmant que les militaires ne sont pas des politiciens.