Au Nigeria, les enlèvements contre rançons connaissent une recrudescence sans précédent dans le Nord du pays. Apparus au début des années 2000 dans la région pétrolifère du Sud-Est, dans le Delta du Niger, ces enlèvements visaient dans un premier temps, les expatriés, puis les Nigérians aisés. Depuis la récession économique de 2016 et la déterioration de la sécurité, cette pratique criminelle a essaimé. Elle touche désormais les riches comme les pauvres, particulièrement le Nord-Ouest, notamment dans les Etats de Kaduna et de Zamfara.
Circuler sur la route entre Birnin-Gwari et Funtua c’est prendre le risque de se faire enlever. Même constat sur l’autoroute entre Kaduna et la capitale fédérale Abuja. La presse nigériane regorge d’articles sur le sujet avec des témoignages quasi identiques: routes bloquées, voitures arrêtées …. passagers emmenés puis gardés captifs dans des repaires isolés tenus par des petits groupes armés.
Les enlèvements ont lieu de jour comme de nuit. Et ils concernent jusqu’aux plus pauvres qui se retrouvent à devoir hurler leur douleur au bout du fil pour que des proches payent une rançon le plus rapidement possible.
S’il n’existe pas de statistique officielle, l’inspecteur général de la police Mohammadu Adamu a fait son décompte. Entre janvier et mars cette année, il a déclaré à l’Agence France Presse avoir recensé 685 enlèvements. Soit une moyenne de 7 par jour, sachant que la majorité ne sont pas rapportés aux forces de sécurité.
Un véritable fléau qui ne cesse de s’accentuer. Le personnel de sécurité est largement insuffisant dans le pays alors que le gros des troupes est déployé dans l’extrême Nord-Est pour lutter contre Boko Haram. Résultat : les groupes de bandits pulluent dans les Etats du Nord-Ouest où ils se livrent à des enlèvements pour des raisons purements lucratives.