Le 17 mai 1997, l’AFDL de Joseph Kabila marche sur Kinshasa, mettant fin au règne du Maréchal Mobutu et ouvrant la voie au régime des Kabila et fils. Le 17 mai 2019, Félix Tshisekedi, président dont le parti a combattu cet héritage pendant plus de 30 ans, en préside la commémoration, en essayant de lui donner une tonalité nouvelle. Mais sans échapper à la polémique.
La présidence congolaise a bien essayé d’atténuer la charge symbolique que cette journée revêt dans l’histoire congolaise pour en faire non pas la commémoration de l’entrée de l’AFDL dans Kinshasa, ni celle de la « libération » comme c’était le cas officiellement autrefois, mais plutôt la journée de la « révolution et des forces armées congolaises ».
Dans son discours, le ministre de la Défense a d’ailleurs rappelé les épisodes marquants de l’histoire de cette armée de l’époque coloniale à aujourd’hui. Quant à Felix Tshisekedi, après avoir déposé une gerbe de fleurs sur le mémorial en l’honneur des soldats congolais morts au combat, il en a profité pour annoncer que désormais tous les retraités hauts gradés de l’armée recevraient une allocation de fin de carrière en cette journée du 17 mai. Depuis son élection, il avait souvent promis aux militaires une amélioration de leurs conditions de vie.
Mais cela n’a pas suffi à faire taire les critiques sur cette célébration. « S’incliner devant la mémoire de nos soldats, oui, mais le faire un 17 mai quelle abomination » s’exclame sur son compte twitter la Lucha, pour qui cette date représente « le mal absolu dans l’histoire du Congo ».
« Aucune révolution, ni libération n’a eu lieu le 17 mai », renchérit le mouvement citoyen VICI-RDC, qui demande que cette journée ne soit plus célébrée. Quand un observateur de la vie politique congolaise voit dans le geste du président Tshisekedi la volonté « de ne pas froisser l’ex-président Kabila, dont le parti le PPRD est l’héritier politique de l’AFDL ».