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Nigeria: lutte d’influence entre le gouverneur et l’émir de Kano

Samedi 11 mai, la justice a suspendu une loi qui chamboule l’État de Kano. Sanusi II, l’émir de Kano, devra partager le pouvoir avec quatre autres émirs. Éclairage sur les dessous de cette querelle entre l’émir de Kano et le gouverneur du même État.

L’aire d’influence de l’émir Sanusi Lamido Sanusi sera limitée à 10 des 44 actuels arrondissements de l’État de Kano. Or l’émir de Kano est l’une des principales autorités traditionnelles, dont le rôle est garanti par la Constitution nigériane. Il est nommé par le gouverneur de Kano.

Sanusi II est donc dans le collimateur du gouverneur réélu d’Abdullahi Ganduje. Ce dernier jure qu’il agit pour le bien et le développement de Kano. Pourtant, en moins d’une semaine de procédures législatives, le gouverneur de Kano a posé sa signature sur un document au caractère historique.

Les quatre nouveaux émirs devaient être intronisés officiellement ce week-end.
Leur nomination est gelée, mais si la justice valide dans les prochains jours la nouvelle loi, ce sera la fin de 800 ans d’un pouvoir traditionnel unique sur l’ensemble du territoire de Kano.

Sanusi II avait déjà frôlé la destitution. Il faisait l’objet d’accusations de malversations financières lancées par l’agence de lutte contre la corruption de Kano. Il avait fallu la médiation du milliardaire Aliko Dangote pour calmer le courroux du gouverneur Ganduje. Ce dernier goûtait peu aux critiques de l’émir sur sa gouvernance et ses voyages à l’étranger. Pour Abdoulaye Ganduje, un émir n’est pas censé se mêler des affaires publiques. Et en plus, malgré sa charge de monarque traditionnel, Sanusi II brillait aux quatre coins du monde pour son expertise économique. Ancien gouverneur de la Banque centrale du Nigeria, ce dernier vient d’ailleurs d’être nommé aux Nations unies dans le groupe de défenseurs du développement durable. Une nomination internationale au moment où son périmètre d’émir se réduit à Kano.

Sanusi II paie surtout au prix fort son soutien au principal opposant de Ganduje lors des dernières élections. Un crime de lèse-majesté pour Abdullahi
Ganduje, réélu de justesse pour un second mandat de gouverneur de Kano.

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