L’enlèvement de deux touristes français dans le parc béninois de la Pendjari a coûté la vie à leur guide local, Fiacre Gbédji. La présidence de la République lui a rendu hommage, ses collègues et amis saluent sa mémoire. Mais désormais, ils vivent aussi dans la crainte que de tels évènements se reproduisent.
Trois ex-otages, deux Français et une Sud-Coréenne, sont arrivés en France ce samedi, accueillis par le chef de l’État. L’ex-otage américaine, libérée en même temps, n’était pas présente. Un hommage national sera rendu mardi à Paris aux militaires français qui ont été tués lors de l’opération qui a permis leur libération.
Mais les deux commandos ne sont pas les seules victimes à déplorer. Fiacre Gbédji, le guide du parc national de la Pendjari, accompagnait les deux touristes français au moment de leur enlèvement. Son corps a été rapidement retrouvé et identifié. Et aujourd’hui au Bénin, la peur et le doute se sont installés chez ses collègues et amis.
Guide lui aussi, Mathieu Yokossipé, un ami de Fiacre Gbédji, craint pour son emploi et pour l’avenir du parc. « Ça a déjà changé beaucoup de choses. Les gens ont peur. On avait des réservations. Les gens ont annulé carrément. Ça va être vraiment dur. On pense que ça va beaucoup jouer sur nous, pour notre travail déjà. Et actuellement, on a vraiment peur. On se dit qu’on se met en danger avec nos touristes. »
« Actuellement, j’ai peur de tout, précise-t-il. Aujourd’hui, on nous dit [que] c’est les jihadistes et qu’ils sont partout. Nous, on savait qu’au Burkina à côté, ça n’allait pas du tout. Il faut que les gens fassent quelque chose pour nous rassurer avant qu’on retourne dans le parc. »
Mathieu Yokossipé songeait déjà à changer de travail, mais les derniers évènements pourraient bien accélérer sa réflexion. « J’y réfléchissais déjà. J’ai tellement d’idées. Ça fait 15 ans que je fais ce parc. Mais je ne sais pas pour quel boulot je vais changer… »