Le Soudan du Sud recule à propos d’un contrat de lobbying qui avait fait scandale. Juba avait signé un accord avec Gainful Solutions, une société basée en Californie, dirigée notamment par d’anciens ambassadeurs américains. Pour 3,7 millions de dollars, l’entreprise devait notamment faire pression pour que la Cour de justice destinée à juger les crimes de la guerre civile ne voie jamais le jour. Gainful Solutions devait aussi pousser pour que les sanctions internationales soient levées. Un nouveau contrat a été signé, mais la polémique demeure.
Comme si les deux parties voulaient éteindre l’incendie au plus vite, l’ambassadeur sud-soudanais à Washington a lui-même distribué un communiqué de presse signé par Gainful Solutions. Le texte explique que mardi 7 mai, les deux parties ont signé un nouvel accord parce que, disent-elles sobrement, « le domaine et les priorités du gouvernement n’étaient pas traités correctement dans le contrat originel ».
La nouvelle version a été expurgée. Désormais Gainful Solutions devra simplement « encourager des relations plus étroites et mutuellement bénéfiques entre Juba et Washington ; encourager le secteur privé américain à investir dans le pétrole, les ressources naturelles ou encore les infrastructures ».
Exit donc les passages les plus controversés : le lobbying contre la Cour de justice et contre les sanctions internationales. Le montant du paiement lui n’apparaît plus.
Mais la polémique n’est pas terminée. L’expert Klem Ryan doute que la vision de Gainful Solutions ait changé. Pour lui, ce texte soulève de lourdes questions sur les véritables activités de la société et le communiqué édulcoré ne fait, selon lui, que rendre ce partenariat encore plus opaque.
Nicholas Coghlan, ancien ambassadeur canadien au Soudan du Sud réagit lui avec ironie, se demandant pourquoi avoir besoin de lobbyistes pour améliorer les relations bilatérales. « Normalement c’est le rôle des ambassades », dit-il.