Le président angolais, João Lourenço a limogé mercredi 8 mai le PDG de Sonangol, Carlos Saturnino, ainsi qu’une partie des cadres de la compagnie pétrolière nationale. Le président leur reproche un manque de « dialogue avec l’État » alors que le pays vit depuis plusieurs jours une grave pénurie d’essence. Carlos Saturnino avait pourtant entrepris une vaste réforme de Sonangol, entreprise grevée par de lourdes dettes et dont la production pétrolière est en déclin.
Il n’a fallu qu’une simple signature au bas d’un décret présidentiel pour mettre fin au mandat de Carlos Saturnino, le PDG de Sonangol, lui qui faisait jusqu’alors figure de sauveur de la plus grande entreprise angolaise.
Son départ forcé survient alors que le deuxième producteur de pétrole brut du continent est paralysé depuis plusieurs jours par une pénurie d’essence. Dans la capitale Luanda, la plupart des stations-service étaient encore assiégées jeudi 9 mai par des centaines d’automobilistes en quête de carburant. Cette pénurie a provoqué des coupures d’électricité dans plusieurs provinces du pays et fait grimper les prix des carburants à la pompe. À Luanda, certaines stations-service ont quadruplé leurs tarifs, a constaté un journaliste de l’AFP.
Une situation qui a fait l’objet d’une réunion d’urgence entre le président Lourenço et la direction de la Sonangol, mardi dernier, João Lourenço reprochant à Sonangol un manque de « dialogue avec l’État ».
L’entreprise publique qui ne dispose que d’une raffinerie en activité doit importer 80% de l’essence consommée dans le pays. Or, elle connaît des problèmes d’approvisionnement dus, selon son désormais ex-PDG, à un manque de devises ainsi qu’à de lourds impayés des entreprises publiques.
Mais est-ce la raison profonde de ce limogeage ? Certains observateurs rappellent que la restructuration à marche forcée de l’entreprise depuis un an et demi fait grincer des dents. Carlos Saturnino a par exemple signé un accord de distribution avec le français Total, et promis de vendre les participations du groupe dans une cinquantaine de filiales. Son successeur, Gaspar Martins, déjà au conseil d’administration de Sonangol est réputé proche de l’ancienne patronne de Sonangol, Isabel Dos Santos, limogée en 2017.