En RDC, Ne Muanda Nsemi, le chef du mouvement politico-religieux Bundu dia Kongo, retournera-t-il en prison au lendemain de sa réapparition surprise lundi à Kinshasa ? La question divise dans la capitale congolaise. Lundi, Joseph Olenghankoy, qui dirige le Comité de suivi de l’accord de la Saint-Sylvestre, a assuré que le chef de Bundu dia Kongo bénéficiait du climat de décrispation politique lié à l’élection de Felix Tshisekedi. Mais ce mardi matin, le vice-Premier ministre intérimaire en charge de l’Intérieur par intérim, Basile Olongo, a déclaré avoir donné des instructions pour que ce dernier soit « arrêté » et ramené en prison. Car, au moment de son évasion spectaculaire de la prison de Makala il y a deux ans, Ne Muanda Nsemi était poursuivi pour outrage au chef de l’État et incitation à la violence après des affrontements entre ses adeptes et les forces de l’ordre dans la capitale.
C’est une journée de négociations qui s’est jouée en coulisses, ce mardi, à Kinshasa. Le matin, des forces de l’ordre sont signalées aux abords de la résidence de Ne Muanda Nsemi. Dans la foulée, le vice-Premier ministre intérimaire en charge de l’intérieur, Basile Olongo, le qualifie de « fugitif » et explique avoir donné ordre qu’il « soit arrêté ». Le ministre n’exclut pas alors que le chef des Bundu dia Kongo puisse in fine bénéficier d’une « grâce présidentielle » ou d’une « libération conditionnelle », mais explique qu’en attendant sa place est « en prison ».
Joseph Olenghankoy intervient et s’oppose à cette arrestation. Le président du Comité de suivi de l’accord (CNSA), qui assure négocier depuis des mois avec Ne Muanda Nsemi sa réapparition, explique que ce dernier a été arrêté en 2017 en violation de son immunité en tant que député, selon lui, et n’a jamais été condamné. Il prône un arrangement à l’amiable au motif aussi que Ne Muanda Nsemi a promis d’œuvrer à la réconciliation prônée par le président Tshisekedi.
Toute la journée, des discussions ont lieu au plus haut niveau. Dans l’après-midi une source à la présidence explique qu’un « délai » a finalement été accordé à Ne Muanda Nsemi pour ne pas « le brusquer » dans la mesure où il est réapparu de son plein gré et que Joseph Olenghankoy s’était porté garant de ses agissements, mais qu’il est bel et bien attendu en prison. Le temps au moins que son dossier soit examiné. Quant à Joseph Olenghankoy il assurait en fin de journée avoir finalement accepté de présenter Ne Muanda Nsemi au parquet sous peu, mais en échange selon lui de la promesse qu’il ne serait pas arrêté.