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RDC: évasion de deux accusés du meurtre des experts de l’ONU

En République démocratique du Congo, deux des suspects du meurtre des experts de l’ONU se sont évadés de la prison de Kananga. Parmi eux figure la seule personne qui avait été identifiée sur la vidéo du meurtre de l’Américain Michael Sharp et la Suédoise Zaida Catalan, Evariste Ilunga. Une évasion qui concerne au moins cinq détenus, selon l’auditeur général de l’armée, sur un total de 800 prisonniers.

Le général Munkuntu, numéro 1 du parquet militaire, dit avoir eu la confirmation de l’évasion de cinq prisonniers. Parmi eux, trois accusés dans le procès des experts de l’ONU, dont deux qui sont directement considérés comme impliqués dans l’assassinat des deux membres des Nations unies. Il s’agit d’Evariste Ilunga, dit « beau gars », et d’un dénommé « Tshiani ». Ils se sont officiellement échappés avec des prisonniers ayant été lourdement condamnés.

Évidemment, c’est une très mauvaise nouvelle pour le procès de Kananga, dont les audiences n’ont cessé ces dernières semaines d’être reportées pour différents motifs. Evariste Ilunga était considéré par tous – justice militaire, ONU – comme un suspect-clef, mais aussi comme un témoin oculaire, puisque c’est le seul qui ait été identifié par la police des Nations unies comme étant présent dans la vidéo. C’est lui qui fuit au premier coup de feu tiré sur l’Américain Michael Sharp.

Evariste Ilunga avait fait des déclarations contradictoires, notamment des témoignages incriminant indistinctement des chefs Kamuina Nsapu et coutumiers de la région alors qu’il était détenu au secret et sous la crainte. Mais depuis qu’il avait été présenté devant la justice, sa version avait changé, il avait fini par accuser son collègue, le principal témoin du procès, ancien chef de milice et informateur de l’armée congolaise, Jean Bosco Mukanda d’être le principal donneur d’ordre sur le terrain. Selon Evariste Ilunga, Jean Bosco Mukanda aurait même exigé qu’on lui remette la tête de l’experte suédoise Zaida Catalan pour un commanditaire qui reste à ce jour non identifié. Jean Bosco Mukanda avait démenti, mais il a fini par être inculpé il y a un an par la justice militaire congolaise.

Tension dans la prison

Cette évasion s’est déroulée dans un contexte de grogne des prisonniers et d’un relâchement de la sécurité dans la prison de Kananga. Depuis la semaine dernière, les quelque 800 prisonniers de la prison de Kananga dormaient dans la cour et non plus dans leur cellule, dans une situation quasi insurrectionnelle. Notamment parce que depuis deux mois, ceux qui étaient accusés d’avoir participé à l’insurrection Kamuina Nsapu réclamaient d’être libérés puisque leurs collègues, qui avaient rendu les armes depuis l’élection de Félix Tshisekedi, n’avaient pas été inquiétés.

Sur instruction de la présidence, la justice militaire s’était dit prête à examiner leur situation au cas par cas et libéré ceux qui n’avaient pas commis des crimes sexuels ou crimes de sang. Plus d’une centaine avait déjà été libérée. Mais les procédures traînent en longueur et la tension monte. Bon nombre d’observateurs disent avoir averti, les avocats notamment, du risque d’évasion, y compris des suspects dans l’assassinat des experts de l’ONU, surtout dans des conditions de sécurité aussi lâches.

Selon l’auditeur général de l’armée, le général Munkunto, ces cinq prisonniers ont fait le mur, mais leur évasion aurait été immédiatement signalée par des codétenus, qui se sont mis à manifester, créant une plus grande confusion. D’autres sources au sein de la société civile parlent au contraire d’une diversion et d’une évasion bien planifiée, visant à permettre l’évasion ou l’exfiltration de certains suspects. Evariste Ilunga avait régulièrement dit à ses avocats qu’il craignait pour sa vie. C’est la quatrième disparition d’accusés dans cette affaire, il y a eu trois évasions en deux ans et une mort suspecte en détention.

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