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Afrique du Sud: la mémoire du génocide des Tutsis au Rwanda

Le Rwanda commémore les 25 ans du génocide des Tutsis, qui a fait entre 800 000 et 1 million de morts. Aujourd’hui, le travail de mémoire continue, dans le pays, mais aussi à l’extérieur, pour rappeler ce qu’il s’est passé en 1994 et ce qui a mené au drame. En Afrique du Sud, un musée consacré à l’Holocauste et aux génocides vient d’ailleurs d’ouvrir, début mars, pour recueillir la parole des survivants, et sensibiliser les nouvelles générations.

Sur les murs, des objets ayant appartenu aux victimes côtoient des vidéos de survivants. Sur l’une d’elles, Sylvestre Sendacyeye, survivant du génocide, qui a participé à l’élaboration des salles consacrées au Rwanda. Vingt-cinq ans plus tard, ce qui est arrivé au garçon de 14 ans qu’il était en avril 1994 reste toujours gravé en lui : « On s’était réfugié dans l’église. Ils ont tué tout le monde. Moi ils m’ont touché aussi, ils m’ont laissé pour mort. Alors dans la nuit, j’ai escaladé les corps, et j’ai cherché où me cacher. Le génocide est toujours présent dans ma tête, j’en rêve, j’ai toujours des images. »

Sylvestre veut raconter son histoire au plus grand nombre, pour que jamais un tel événement ne se reproduise : « Le monde entier doit savoir ce qui s’est passé. On nous donnait des noms, on nous appelait les cafards, pour nous déshumaniser. Il faut parler de tout ça, dire par quoi cela a commencé, pour que les gens sachent et fassent attention. »

Un récit d’autant plus précieux ici, en Afrique du Sud, car le pays était à l’époque concentré sur sa propre histoire, comme s’en souvient Tali Nates, fondatrice du musée : « En avril 1994, l’Afrique du Sud votait pour la première fois lors d’élections démocratiques, Nelson Mandela devenait président, nous étions heureux ! Au même moment, au Rwanda, le génocide avait déjà commencé. Et je dois reconnaître que beaucoup de Sud-Africains ne connaissent pas grand-chose du génocide. Donc c’est ce qu’on essaye de changer. »

Sylvestre est désormais guide lors de visites scolaires, pour que les jeunes générations continuent à porter sa mémoire.

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