Ces derniers jours, il a été beaucoup question à Paris de la traçabilité des minerais de la République démocratique du Congo. À l’occasion du 13e Forum sur la chaîne d’approvisionnement responsable en minéraux, organisé par l’OCDE, les acteurs de la société civile ont souligné l’importance de ne pas oublier les grandes entreprises dans les efforts de traçabilité qui portent aujourd’hui surtout sur les creuseurs artisanaux. Des creuseurs artisanaux qui ont besoin, ont-ils plaidé, d’être formés et assistés dans leurs démarches.
Le nouveau code minier ne reconnaît pas les creuseurs artisanaux mais uniquement les coopératives. Cette disposition est perçue comme une avancée, mais pour le président de la Ligue congolaise de lutte contre la corruption (Licoco), Ernest Mpararo, les services de l’Etat doivent aider les creuseurs, le plus souvent démunis, à créer de véritables coopératives.
« Ce sont eux qui doivent travailler pour que les artisanaux miniers se regroupent, car aujourd’hui les artisanaux disent que les acheteurs viennent et achètent leur minerai à vil prix parce qu’ils travaillent en désordre. Mais lorsqu’ils sont en coopérative, les coopératives doivent négocier un bon prix pour eux et pour celui qui achète », souligne-t-il.
Cette bataille des prix entre les creuseurs artisanaux et les acheteurs est, pour l’ONG Investissements durables au Katanga (IDAK), la clé d’un développement durable et la meilleure manière de lutter contre le travail dégradant des femmes et des enfants.
« Si, aujourd’hui, on réglemente un tout petit peu au niveau des ventes des minerais provenant des artisanaux, cela aura un impact immédiatement sur leur vie, sur leur ménage et ils ne vont peut-être plus accepter que leurs enfants ne puissent pas étudier et que leurs femmes ne puissent pas les suivre. Cela aura un impact », a pour sa part expliqué Fortunat Kandé, vice-président de l’IDAK.
L’Institut de recherche IPIS vient de publier un rapport qui évalue l’impact des initiatives d’approvisionnement responsables dans l’est du Congo. Ce rapport confirme que malgré les efforts et une amélioration de la sécurité dans certaines provinces, les problèmes structurels de ce secteur demeurent aujourd’hui globalement inchangés.