Au Bénin, à la veille des élections législatives, l’ONG Amnesty International a exprimé son inquiétude face au climat de répression des manifestations et à la vague d’arrestations d’opposants. Pour rappel, seules deux listes, proches du président Patrice Talon, participent à ce scrutin de dimanche 28 avril, l’opposition ayant vu ses listes invalidées. Amnesty International appelle au respect des libertés. Le gouvernement béninois récuse les accusations et inquiétudes de l’organisation de défense des droits de l’homme.
La vague d’arrestations arbitraires de militants politiques et de journalistes ainsi que la répression des manifestations pacifiques ont atteint un niveau alarmant au Bénin, a déclaré Amnesty International, qui appelle au respect des libertés d’expression.
« Déjà, il y a des manifestations pacifiques qui ont été interdites, ces derniers mois. Il y a des autorités locales qui ont interdit toute manifestation, par exemple, dans la ville de Parakou, mais aussi dans les départements des Collines ou encore du Zou », précise François Patuel, chercheur sur l’Afrique de l’Ouest à Amnesty International.
« Les personnes, tant qu’elles manifestent de manière pacifique, doivent pouvoir exprimer leur opinion. Or, ces derniers mois, on a vu que les manifestations pacifiques avaient été réprimées. Il y a des groupes qui ont été dispersés à coups de matraque, mais aussi à coups de gaz lacrymogène. L’armée a été déployée à plusieurs endroits. Il y a eu un décès à Kilibo, en février. Donc, c’est quand même une répression violente des manifestations. Nous, on appelle à ce qu’il y ait des manifestations qui restent pacifiques. Il faut que les autorités du Bénin protègent ce droit au rassemblement pacifique et à la liberté d’expression », a déclaré, à RFI, François Patuel, chercheur sur l’Afrique de l’Ouest à Amnesty International.
Ces accusations et ces inquiétudes d’Amnesty International, le gouvernement béninois les récuse. Aurélien Agbénonci, ministre béninois des Affaires étrangères a réagi, à l’issue d’une rencontre avec le corps diplomatique africain qui a eu lieu, ce samedi matin, à Cotonou.
« Je vis au Bénin, je n’ai vu aucune répression de manifestations. Ce pays est un État de droit. Si un citoyen se comporte mal, il va faire face aux rigueurs de la loi mais je n’ai enregistré aucune répression dans les manifestations. Ce sont des choses que les gens racontent pour pouvoir alimenter une certaine polémique dans notre pays et je récuse cela », a déclaré le ministre béninois des Affaires étrangères.
« Ce scrutin va se dérouler dans le calme, la sérénité, la transparence et dans la sécurité maximale. Les forces de l’ordre ont reçu des instructions très, très claires pour qu’il n’y ait aucun usage disproportionné de la force, mais elles veilleront à la protection de nos citoyens. Une permanence est aussi en place au niveau des locaux et tribunaux pour que les fauteurs de troubles puissent faire l’objet de comparutions immédiates, afin que force reste à la loi. Il n’y a rien de chaotique en préparation et il n’y aura pas de chaos », a ajouté Aurélien Agbénonci.