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Législatives au Bénin: la société civile partagée sur l’observation du scrutin

La campagne électorale a pris fin vendredi 26 avril à minuit avant les législatives de dimanche 28 avec seulement deux listes, toutes parrainées par le président Patrice Talon. Les listes de l’opposition ont été invalidées, une situation inédite au Bénin, considéré comme un exemple de démocratie et qui provoque des polémiques même parmi les organisations de la société civile, qui sont très actives sur le terrain en période électorale.

Comme elles l’avaient fait pour la présidentielle de 2016, les organisations de la société civile avaient prévu de se déployer dans les 14 000 bureaux de vote du pays. Mais depuis l’invalidation des listes de l’opposition s’est posée une question : faut-il vraiment observer ce scrutin ? Non, répond Blanche Sonon, présidente de Social Watch, qui a suspendu sa participation aux activités de la plateforme des organisations de la société civile (OSC).

« On ne va pas donner la caution de Social Watch à un coup porté à notre démocratie, nous explique t-elle. Parce qu’observer des élections qui ne mettent en compétition que deux partis politiques du président de la République, ça n’a aucun sens démocratique. Donc, pour nous, il n’y a rien à observer ».

Les deux seules listes en lice sont celles du Bloc républicain et celle de l’Union progressiste, toutes les deux parrainées par le président Patrice Talon.

Face à cette situation, la plateforme des organisations de la société civile a finalement réorienté sa mission. « Notre peur est que les populations mécontentes empêchent les concitoyens d’aller voter et que les forces de l’ordre abusent et outrepassent leur devoir de protéger, explique la présidente, Fatoumatou Batoko-Zossou. Et c’est pourquoi nous avons décidé quand même d’observer ces élections. Nous n’y allons pas pour faire de l’observation classique : à savoir, si le processus se passe normalement, comme il faut. Nous y allons pour nous assurer qu’il n’y a pas de violation des droits de l’homme sur le terrain ».

Dimanche 28 avril, 789 observateurs nationaux de la plateforme des OSC seront sur le terrain.

Pour Emmanuel Tiado (Cena), le contexte de ces élections est « particulier »

Les opposants répétaient qu’il n’y aurait d’élection sans l’opposition, et vendredi 26 avril des formations comme le parti Forces cauris pour un Bénin émergeant (FCBE, de l’ancien président Thomas Boni Yayi) et l’Union sociale libérale (USL, de Sébastien Ajavon) ont appelé les électeurs à ne pas sortir. Cela afin de ne pas « légitimer la mascarade », selon Donklam Abalo.

Le porte-parole de l’USL le reconnait: « nous n’avons pas réussi à obtenir du chef de l’État le report du scrutin. Nous n’avons d’autres choix que d’appeler au boycott ». Du côté des autorités, on assure que la sécurité sera garantie et l’on appelle les électeurs à voter dans le calme.

De son côté, Emmanuel Tiando le président de la Commission électorale nationale autonome (Céna), affirme que les préparatifs se poursuivent et il adresse également un message de paix aux électeurs.

Emmanuel Tiando, le président de la Céna, affirme que «le contexte de ces élections est particulier et tout sera mis en oeuvre pour la sécurité»
27-04-2019 – Par Carine Frenk

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