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RDC: réactions après l’annonce de la fermeture de plusieurs bases de la Monusco

Beaucoup de réactions ont suivi l’annonce de la Mission des Nations unies en RDC sur la fermeture de ses principaux bureaux dans l’ouest du pays. Huit bureaux doivent fermer d’ici fin juin. La mission de l’ONU le justifie par des coupures budgétaires et assume de se recentrer sur l’Est où sévit l’essentiel des groupes armés que compte le pays. Mais au sein de l’opposition, comme de la société civile, cette décision inquiète.

Selon la Monusco, toutes les bases qui vont fermer d’ici fin juin sont situées dans des provinces réputées proches de l’opposition. Des villes où des manifestations ont été violemment réprimées encore ces derniers mois.

Une situation qui inquiète Me Elly Kayembe. Il est avocat au barreau de Kisangani et directeur de l’ONG des droits de l’homme, Actions pour la justice, le développement et les droits humains (AJDDH) : « Ce sont de vrais bastions de l’opposition. J’ai assisté à plusieurs manifestations et je vous assure que lorsque la Monusco est sur le terrain, c’est une présence qui est sécurisante pour les manifestants. Comment vont se gérer les manifestants punis avec l’absence de la Monusco sur place ? D’autant plus que nous n’avons même pas encore un gouvernement depuis que le nouveau président est arrivé. Et on ne sait pas comment ça va se solder. Est-ce que c’est un gouvernement qui sera accepté par tout le monde ou c’est un gouvernement qui va susciter des réactions de part et d’autre ? Là, le président de la République, le nouveau qui a été investi, a donné un élan vers un État de droit. Et c’est un processus qui se construit à petits pas puisqu’à Kisangani où nous sommes, il y a encore des actes venant de l’autorité ou encore des services spécialisés qui sont encore dans les pratiques anciennes. »

« Une mission qui soit aussi là pour surveiller »

Même état d’esprit pour Martin Fayulu. L’opposant, qui revendique toujours sa victoire à la présidentielle, demande à la mission onusienne de ne pas abandonner les Congolais de l’Ouest : « La situation politique est floue, complexe : Kabila est là, il contrôle tout. Dans presque toutes les provinces, c’est lui qui a le pouvoir. Et je pense qu’on ne peut pas laisser aujourd’hui le peuple congolais seul face à Monsieur Kabila. Vous avez vu qu’il y a une crise terrible de légitimité qui va appeler à des situations difficiles, à des contestations. Il faudrait quand même qu’il y ait une mission qui soit aussi là pour surveiller. »

Ce qui n’empêche pas Martin Fayulu de maintenir ses critiques envers la Monusco : « J’ai été critique à l’égard de la Monusco, car la Monusco ne jouait pas son rôle. En tout cas, Madame Leila Zerrougui [la patronne de la Monsuco, ndlr], on a vu clairement qu’elle prenait fait et cause pour Kabila. Mais j’ai toujours dit qu’il fallait garder la Monusco parce que c’est un témoin. »

La Monusco prévoit de supprimer environ 760 postes, dont les trois quarts sont occupés par des Congolais.

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