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Soudan: «accord avec la plupart des exigences» des leaders de la contestation

Au Soudan, les discussions avancent entre les représentants du mouvement de contestation civile et le Conseil militaire de transition. À quelques heures d’une marche géante promise par l’opposition dans les rues de Khartoum ce jeudi, une réunion s’est tenue ce mercredi soir au siège de la présidence. Résultat : les militaires annoncent un « accord avec la plupart des exigences » des leaders de la contestation.

C’est avant tout un accord pour continuer à discuter. Ce qui était à craindre ces derniers jours, c’était la rupture des pourparlers entre la coalition civile représentant le soulèvement populaire et la junte militaire qui a renversé l’ancien président Omar el-Béchir.

Ce mercredi soir, les deux parties sont convenues d’abord d’établir un comité mixte pour résoudre leurs différences. La feuille de route reste la même : le transfert du pouvoir aux civils, réclamés par la rue comme par l‘Union africaine qui, rappelons-le, a menacé de suspendre le Soudan si tel n’était pas le cas.

Au terme de la rencontre de mercredi soir, le porte-parole du Conseil militaire a affirmé à la télévision que les hauts gradés qui gouvernent le pays avaient trouvé « un accord avec la plupart des exigences » de la coalition civile, sans préciser lesquelles. Il a fait part de l’esprit constructif des militaires.

Et, signe que les civils sont parvenus à faire avancer leur point de vue, dans la foulée trois figures controversées de la junte ont démissionné, controversées parce que jugées trop proches de l’ancien régime. Il s’agit notamment du général Zineladine, le chef du comité politique du conseil militaire, et de deux autres membres, dont le chef de la police.

En attendant, on attend des centaines de milliers de personnes ce jeudi dans les rues de Khartoum. L’opposition avance, elle ne va sans doute pas relâcher la pression.


Reportage : la « marche du million » ce jeudi

La coalition des partis d’opposition a appelé ce jeudi à une marche du million pour faire pression sur le gouvernement militaire afin qu’il transfère le pouvoir aux civils. La population s’organise. Des bus, des trains des voitures venant de différentes régions du pays convergent vers la capitale. Les premiers manifestants sont arrivés mardi soir d’Atbara, ville à 250 kilomètres au nord de Khartoum d’où est partie la révolte en décembre.

Debout sur les wagons, les voyageurs arrivant d’Atbara ont été accueillis comme des héros mardi, quand leur train est passé au ralenti devant le quartier général de l’armée où les manifestants organisent un sit-in. Abir Hachin Ahmed était dans le convoi. Elle est venue dans la capitale pour participer ce jeudi à la marche du million : « Tout ce dont on rêvait est en train de se réaliser. Ça fait 30 ans qu’on n’a pas goûté la liberté, ça fait 30 ans qu’on vit dans l’ombre, ça fait 30 ans qu’on ne peut pas manifester dans les rues. »

Devant le quartier général de l’armée des tentes aux couleurs de toutes les régions du pays sont alignées les unes après les autres. Saddiq Adam Abbas, lui, vient du Darfour, une région de l’ouest du pays où la répression a coûté la vie à 300 000 personnes selon l’ONU. C’était impensable pour lui de ne pas venir manifester ce jeudi. « On est venu ici pour soutenir nos frères, dit-il, pour se débarrasser de ce régime corrompu, pour lutter contre l’injustice… pour nos droits, et pour ceux du peuple soudanais. »

Avec leur marche du million, les manifestants adressent un message clair aux militaires : il est temps de rendre le pouvoir aux civils.

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