Les échanges s’annoncent houleux entre le Cameroun et l’Europe. Au cœur des dissensions, une récente résolution d’urgence du Parlement européen qui appelle à la libération de l’opposant Maurice Kamto et qui critique l’action des forces de sécurité dans les régions anglophones du Cameroun. Yaoundé dénonce une forme de chantage.
Strasbourg appelle Bruxelles à faire jouer le levier de l’aide au développement pour faire avancer les droits de l’homme au Cameroun. Il s’agit de faire passer un message à l’intention d’un gouvernement partenaire, estime Marie Arena, eurodéputée belge.
« Faire une résolution d’urgence sans faire référence à des outils qui peuvent être des outils de sanctions vis-à-vis d’un gouvernement qui ne respecterait pas les droits de l’homme, je pense que ce serait un acte manqué. Et aujourd’hui, nous avons clairement vu au Cameroun qu’il y a des outils que nous pourrions activer si le Cameroun continuait ou s’il ne libérait pas les prisonniers politiques, s’il n’arrêtait pas les violences à l’égard de certaines communautés, s’il n’arrêtait pas les discours haineux à l’égard de certaines ethnies. Il est important que le Cameroun retrouve une stabilité, retrouve le processus démocratique et le respect des droits de l’homme. »
Réponse du Cameroun : dans une déclaration, le gouvernement exprime son indignation face à un texte qualifié de « kyrielle de contre-vérités ».
« Le gouvernement camerounais s’élève radicalement contre cette résolution du Parlement européen et exprime son indignation face à un acte empreint de partialité, qui s’apparente à une kyrielle de contre-vérités, d’affirmations gratuites, de récriminations infondées et d’injonctions assorties de chantage, dirigées contre les autorités camerounaises et nos forces de défense et de sécurité. Le gouvernement camerounais réaffirme que le Cameroun est et demeure un État souverain et de droit, et qu’il est de sa responsabilité de conduire le destin du Cameroun au mieux des intérêts de tous les Camerounais, et dans le respect des valeurs fondamentales de la République », a déclaré René Sadi, ministre de la Communication, lors de son dernier point presse.