Un sommet s’est tenu ce mardi en Égypte entre plusieurs chefs d’État africains pour évoquer les situations soudanaise et libyenne. Les présidents africains ont souhaité que le pouvoir militaire au Soudan parvienne dans les 3 mois à une transition démocratique. C’est beaucoup plus long que ce que demandait l’Union africaine. Le 15 avril dernier, l’UA avait donné un ultimatum à l’armée : elle lui laissait 15 jours pour transférer le pouvoir aux civils, sous peine d’être suspendue. Réactions des protestataires à Khartoum.
Les manifestants qui occupent les rues devant le quartier général de l’armée à Khartoum sont unanimes : la décision des chefs d’État africains d’accorder trois mois supplémentaires aux autorités militaires pour transférer le pouvoir aux civils est contraire à la volonté populaire soudanaise. « Je pense que 3 mois c’est beaucoup trop long et que les présidents africains ne doivent pas intervenir dans les affaires intérieures du Soudan. Ce sont les Soudanais eux-mêmes qui doivent choisir », dit Isis Mozani, étudiante.
Les protestataires considèrent ce délai de trois mois comme un soutien implicite accordé à l’armée soudanaise. L’avocat Yasser Mohamed Hussein estime que cette décision émane de présidents qui n’ont pas de leçon de démocratie à donner. Il incrimine particulièrement l’Égypte du président Sissi, à la tête de l’Union africaine cette année : « Le gouvernement égyptien est un gouvernement militaire, car le président actuel doit son pouvoir à un coup d’État. Et maintenant il a décidé de changer la Constitution pour rester au pouvoir. Ca ressemble exactement aux méthodes d’Omar el-Béchir. »
Les dirigeants africains présents au Caire ont, eux, souhaité exprimer leur soutien comme celui de l’Union africaine au Soudan face à ses défis économiques, politiques et sécuritaires.