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Algérie: vaste opération anticorruption

Opération « mains propres » en Algérie. Une fratrie de milliardaires qui a fait fortune sous le long règne d’Abdelaziz Bouteflika a été arrêtée alors que le sort de l’homme plus riche du pays demeure confus. Ce coup de filet anticorruption intervient alors que le chef de l’État algérien par intérim Abdelkader Bensalah peine à convaincre plusieurs acteurs politiques de discuter de la préparation des prochaines échéances électorales.

Plusieurs milliardaires ont été arrêtés en Algérie dans le cadre d’une enquête anticorruption. Elle vise des oligarques qui ont fait fortune durant les 20 années de règne du président déchu. Le sort de l’homme le plus riche du pays est pour l’instant confus. En revanche, une riche fratrie de quatre frères a bien été arrêtée.

Les frères Kouninef – Redha, Abdelkader, Karim et Noah – sont à la tête d’un groupe qui pèse 300 millions de dollars. Selon la télévision nationale, ils ont été arrêtés par la gendarmerie dans le cadre d’une enquête liée aux conditions d’obtention de marchés publics. Les trois hommes sont très proches de la famille Bouteflika. Selon la presse, ils ont fait partie des financeurs des campagnes électorales d’Abdelaziz Bouteflika. Et le groupe, qui travaille dans les secteurs de l’hydraulique et du bâtiment, a également construit sa fortune grâce à la commande publique.

C’est une situation similaire à celle d’Ali Haddad, l’ancien leader du FCE, l’organisation patronale, qui a été arrêté le 31 mars dernier alors qu’il voulait passer la frontière tunisienne. Mais la télévision nationale a également annoncé l’arrestation d’Issad Rebrab, le propriétaire du groupe Cévital, un milliardaire, première fortune du pays. Sauf que le groupe dément et affirme que l’homme d’affaires de 74 ans était entendu par la gendarmerie sur l’un de ses projets d’investissement bloqué.

Des concertations boudées

La réunion avec des membres de la société civile organisée par le président par intérim Abdelkader Bensalah, à Alger, le 22 avril 2019. © RYAD KRAMDI / AFP

Au moment où l’on annonce ce coup de filet anticorruption, le chef de l’Etat algérien par intérim est à la peine. Les concertations se sont ouvertes ce matin, mais les fauteuils semblent bien vides à en croire la photo diffusée par l’agence de presse officielle. La rencontre se déroule à huis clos, au Palais des nations en périphérie de la capitale. Toujours selon l’agence de presse officielle sont présents : des leaders de partis, des juristes, et des représentants de la société civile, mais peu de noms circulent.

Un rendez-vous boudé par ceux qui ont vraiment du poids et qui ont dit non à l’invitation d’Abdelkader Bensalah. Pour Ali Benflis, ces concertations sont inopportunes et hors sujet. L’ancien Premier ministre estime même que cette réunion pourrait être perçue comme une provocation par les Algériens.

Le MSP, le parti islamiste, voit aussi dans cette réunion une atteinte à la volonté populaire, comme l’explique Abderrazak Makri, son patron : « Les Algériens veulent un changement véritable. Ils ne sont pas d’accord pour que la transition soit dirigée par des personnalités affiliées au pouvoir. Tout le monde appelle à ce que Bensalah soit changé, il faut qu’il parte. D’abord, il faut répondre à l’appel des Algériens et après on ira dans le dialogue et dans la concertation. »

La liste de ceux qui boycottent cette réunion ne s’arrête pas là. Il y a aussi le parti des Travailleurs. Louisa Hanoune, qui est à sa tête, se justifie dans une vidéo : ces concertations sont une manœuvre visant à imposer la continuité du même système. Le RCD de Mohcine Belabbès dit ne pas se reconnaître pas dans « des agendas qui vont à l’encontre des revendications du peuple ».

Globalement tous ceux qui se rangent du côté du peuple ont boudé la rencontre. Abdlekader Bensalah avait demandé à toutes les parties concernées de participer, en toute confiance et de faire preuve d’innovation pour cette première étape. Il n’a manifestement pas réussi à convaincre.

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