Réviser la Constitution à Madagascar, c’est ce que souhaite le président de la République. Lors d’un Conseil des ministres vendredi soir, Andry Rajoelina a signé un décret de convocation des électeurs pour l’adoption d’un projet de loi modifiant certaines dispositions de la Constitution, comme l’indique un communiqué de la présidence. Les Malgaches sont appelés à se prononcer sur cette révision de la Constitution le 27 mai, jour de l’élection législative.
La révision de la Constitution porte sur trois points : la mise en place de gouverneurs à la place de chefs de région. Ils seront dotés de plus de pouvoir et de ressources pour une décentralisation effective, indique la ministre de la Communication, Lalatiana Rakotondrazafy.
Deuxième modification importante : la suppression du Sénat, budgétivore, selon le chef de l’Etat. Avec l’argent économisé, Andry Rajoelina souhaite construire des universités dans chaque région du pays. « Il y aura d’autres suppressions d’institutions budgétivores mais je m’abstiendrai de vous donner une liste pour le moment », explique la ministre qui précise que le texte de cette nouvelle Constitution sera publié et porté à la connaissance des électeurs sous peu.
Les réactions à cette annonce ont été nombreuses, notamment sur les réseaux sociaux où certains internautes font part de leur étonnement et de leur inquiétude. « D’habitude lorsqu’il y a modification de la Constitution il y a un comité préparatoire une commission consultative, des discussions avec la société civile et les partis politiques », fait savoir Anaclet Imbiki, juriste et ancien ministre de la Justice.
« Ce sont des promesses qui ont été faites depuis la campagne électorale donc ce ne sont pas des annonces totalement nouvelles pour la population. Il n’y aura pas de coup de bas politique », tient à rassurer la ministre de la Communication.
Pour la société civile, le délai de cinq semaines est trop court pour informer correctement les électeurs sur ce référendum constitutionnel. « Pourquoi tant d’empressement ? », s’interroge Faraniaina Ramarosaona, membre de la plateforme de la société civile Rohy présente dans toutes les régions de Madagascar et très active dans les processus électoraux. « Il aurait dû y avoir un débat sérieux, car il y a beaucoup d’autres dispositions à modifier dans cette Constitution », conclut-elle.
Ce référendum aura lieu en même temps que les législatives pour des raisons financières, précise la ministre de la Communication. Un argument qui n’est pas valable pour Faraniaina Ramarosaona pour qui « les enjeux de la modification de cette Constitution sont plus élevés que le côté financier ».