C’était une promesse de campagne du président Muhammadu Buhari, le salaire minimum au Nigeria vient d’augmenter de presque 67 %. Une décision prise après des mois de bras de fer entre les autorités des différents États de la fédération et les syndicats.
Avec la promulgation de la loi 2019 sur le salaire minimum, les travailleurs nigérians les moins payés verront leurs salaires mensuels passer de 18 000 à 30 000 nairas, soit de 44 à 72 euros. Mais le texte ne concerne pas les entreprises de moins de 25 employés ni les Nigérians qui travaillent exclusivement dans le secteur informel.
Même s’ils n’ont pas obtenu les 50 000 nairas qu’ils réclamaient, c’est une victoire pour les syndicats, restés fermes pendant des mois de discussions avec les gouverneurs des différents États, qui eux, jugeaient « irréaliste » l’augmentation du salaire minimum et assuraient qu’ils ne pourraient plus payer leurs fonctionnaires.
Pour « Comrade » Peter Esele, ancien président de la Trade Union Congress, la priorité est à présent « d’appliquer cette loi ». D’autant que, même si elle est appliquée, « le niveau du salaire minimum reste très faible. Cela représente moins de 100 dollars par mois ». Ce qui représente « 3 dollars par jour pour une famille, qui comprend souvent 4 à 6 personnes. C’est peu ! Il faut que le gouvernement mette en place des mesures d’accompagnement qui aideront les Nigérians à faire face à leurs dépenses, notamment dans la santé et l’éducation ».
Reste à savoir si les finances de l’État fédéral et des différents États vont supporter l’augmentation de la masse salariale qui en découle. « Jusque-là, plusieurs États avaient déjà dû mal à payer les salaires minimums qui étaient plafonnés à 18 000 nairas », rappelle justement Peter Esele.
Le premier producteur africain de pétrole est aussi le pays le plus peuplé du continent. Habituellement, les fonctionnaires d’État attendent, parfois plusieurs mois, avant de recevoir leurs salaires. 48 % de la population nigériane vit aujourd’hui dans l’extrême pauvreté, avec moins de 1 100 francs CFA par jour (1,69€).