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Le groupe EI revendique pour la première fois une attaque sur le sol congolais

Les autorités congolaises défendent depuis plusieurs années la thèse d’un lien entre l’organisation Etat islamique et la rébellion des ADF dans la région où se sont déroulées les attaques revendiquées par le groupe, même si jusqu’à présent aucune filiation n’a été formellement établie de source indépendante.

Dans deux messages successifs, publiés via son agence de presse officielle Amaq le 18 avril, le groupe EI fait état d’une attaque de l’armée congolaise par des « combattants de l’État islamique » à Kamango, près de la frontière avec l’Ouganda. Puis, avec plus de précision, parle d’une « caserne attaquée dans le village de Bovata ». Aucun détail n’est donné sur la date, mais un bilan est évoqué : trois soldats congolais tués et cinq autres blessés.

De sources militaires onusienne et congolaise, une attaque à bel et bien eu lieu dans la nuit de mardi 16 à mercredi 17 avril dans cette localité située à une dizaine de kilomètres de Kamango, contre une position de l’armée. Attaque qui a fait, selon l’ONU, deux morts parmi les militaires, un parmi les civils.

Les assaillants – non identifiés – « ont temporairement occupé » cette position selon la Monusco jusqu’à ce que l’armée congolaise la reprenne. La localité concernée se trouve dans la zone d’activité des rebelles ADF. Et, depuis plusieurs années, les autorités congolaises assurent disposer d’une « documentation importante » sur des liens entre cette rébellion d’origine ougandaise et le groupe EI.

Il faut voir que l’agence de presse du groupe Etat islamique a fait cette publication deux jours plus tard. Donc, peut-être eux-mêmes n’avaient pas l’information de façon immédiate. Il est clair que l’État islamique aimerait qu’on pense qu’ils sont présents à l’est du Congo.

Jason Stearns du GEC, groupe d’étude sur le Congo de l’Université de New York
19-04-2019

La Monusco n’exclut aucune hypothèse

« Je ne suis pas surpris » réagissait jeudi soir une source sécuritaire congolaise, même si les chercheurs qui travaillent sur le sujet n’ont jamais formellement établi de filiation entre les deux mouvements. Du côté de la Monusco, on disait hier regarder cette première revendication avec « prudence, mais sérieux » sans exclure aucune hypothèse. Tout en s’interrogeant sur le fait qu’elle intervient alors que récemment les ADF ont relâché plusieurs dizaines d’otages, accompagnant ces libérations de message de paix.

Nous savons qu’il y a des liens entre l’État islamique et les ADF en RDC, mais il est difficile de savoir exactement la nature de ces liens. […] Il y a au moins un intermédiaire financier, arrêté au Kenya l’an passé, qui faisait l’intermédiaire entre l’État islamique et l’ADF. Toutefois, cela ne veut pas dire nécessairement que l’ADF est une branche de l’État islamique ou que l’EI contrôle l’ADF. Je pense qu’il faut être très prudent par rapport à cela. Il semble beaucoup plus clair que l’ADF a évolué de façon très très autonome à l’est du Congo et, jusqu’à présent, avait très peu de contacts avec l’État islamique.

Jason Stearns du GEC, groupe d’étude sur le Congo de l’Université de New York, invite à la prudence
19-04-2019

Cette revendication intervient aussi quelques jours aussi après que le nouveau président Tshisekedi a plaidé au cours de sa visite à Washington pour les ADF soient inscrits sur la liste des organisations terroristes par les Nations unies. Une demande ancienne des autorités congolaises. Sollicitées par RFI, elles n’ont pas souhaité pour le moment réagir officiellement.

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