Il y a 15 ans, le 16 avril 2004, Guy-André Kieffer disparaissait alors qu’il avait rendez-vous sur le parking d’un supermarché d’Abidjan avec le beau-frère de la première dame Simone Gbagbo, Michel Legré. Le journaliste franco-canadien enquêtait sur diverses malversations impliquant le régime ivoirien d’alors, dont celles touchant la filière cacao. Quinze ans après, la lumière n’a toujours pas été faite sur cette affaire. Et, malgré quelques soubresauts épisodiques, l’enquête est aujourd’hui au point mort.
En 2016, les révélations d’un mystérieux témoin affirmant que le corps de Guy-André Kieffer avait été enterré sous une maison du sud d’Abidjan se sont avérées fausses. La même année, devant la justice ivoirienne, un milicien accuse Anselme Seka Yapo, chef de la sécurité de Simone Gbagbo, d’avoir tué le journaliste et incinéré son cadavre sur ordre de la première dame. Simone Gbagbo a toujours nié toute responsabilité. Quant à Anselme Seka Yapo, condamné pour une autre affaire, il n’a jamais été inquiété dans ce dossier.
Jamais inquiété non plus Michel Legré, le beau-frère de Simone Gbagbo, mort en 2012. Pas plus inquiété d’ailleurs que l’ancien ministre de l’Économie de Laurent Gbagbo, Paul Antoine Bohoun Bouabré, dont le nom revient très régulièrement dans le dossier. Lui aussi mort en 2012.
Depuis 15 ans, le cas Kieffer semble embarrasser en haut lieu aussi bien à Abidjan qu’à Paris. Malgré le changement de pouvoir en Côte d’Ivoire en 2011 et 4 locataires différents à l’Élysée depuis 2004, malgré les promesses répétées des politiques de faire la lumière, rien n’avance. « Dans un dossier, quand il s’écoule trop de temps sans que rien ne se passe on oublie les choses. Et c’est un dossier qui ne doit en aucun cas être oublié. C’est une affaire qu’on ne laissera pas tomber », promet Me Alexis Gublin l’avocat de la famille Kieffer qui demandera bientôt une audition au juge d’instruction français Cyril Paquaux.