Au Soudan, alors que le nouveau pouvoir tente toujours de convaincre, les Soudanais de la diaspora, réfugiés politiques disséminés à travers le monde, s’impliquent. Trois décennies d’autoritarisme ont contraint de nombreux Soudanais à s’exiler, à Paris par exemple, où les réfugiés politiques suivent les évènements avec beaucoup d’espoir, avec aussi certaines peurs.
Ils sont quelques dizaines. Ces Soudanais réfugiés à Paris distribuent des tracts, partagent leurs infos et leurs espoirs. Maaz Tageldin a 25 ans. Il a quitté Khartoum après avoir pris part aux manifestations violemment réprimées de 2013 : près de 200 personnes avaient été tuées.
Depuis, le jeune homme est réfugié politique et étudiant en informatique à Paris. Il ne rate pas une seconde de la contestation actuelle. « C’est incroyable, confie-t-il. Je suis content parce qu’avant, je reprochais énormément aux gens de ne pas parler et d’avoir autant peur. Je suis très fier et très ému de voir mon peuple réussir cette bataille. »
Fatma, qui ne veut donner que son prénom, suit la révolution soudanaise sur les réseaux sociaux, entre les publications des militants et celles de ses proches.
Elle s’inquiète du rôle que peuvent jouer les grandes puissances – France, États-Unis, Chine, Russie – qui ont des intérêts économiques, militaires ou sécuritaires dans son pays. Elle a suivi avec bonheur la chute d’Omar el-Béchir, mais estime que rien n’est encore gagné. « Qu’on soit à l’extérieur ou qu’on soit au Soudan, on se demande vraiment comment va se passer la passation de pouvoir, raconte-t-elle. C’est ça qui nous inquiète en fait. Béchir est « parti », le régime ne s’est pas retiré et il n’y a pas de chute du régime pour l’instant. »
Plus de 15 000 réfugiés soudanais vivent actuellement en France, le double si l’on inclut les déboutés de l’asile et la deuxième génération d’exilés qui a la nationalité française.