Déclarée en août dernier, l’épidémie d’Ebola qui frappe l’Ituri et le Nord-Kivu a déjà tué 764 personnes ; 1 140 sont confirmés. Mais le nombre de nouvelles contaminations enregistrées chaque semaine a presque triplé en mars, selon Médecin sans frontières. Malgré cette accélération, l’OMS a décidé vendredi 12 avril de ne pas déclarer l’épidémie comme une « urgence de portée internationale », la maladie restant pour le moment circonscrite à la RDC.
Dix-huit nouveaux cas d’Ebola confirmés dans la seule journée de mardi. 20 mercredi. La propagation de l’épidémie a battu des records cette semaine. Au-delà du nombre de personnes contaminées, c’est la multiplication de nouveaux foyers çà et là qui inquiète.
Selon Médecins sans frontières, la moitié des patients nouvellement atteints n’entretenaient pas de liens connus avec des malades d’Ebola. Ils surviennent parfois dans zones où les équipes chargées de lutter contre la maladie ne sont pas présentent, sans oublier les cas qui ressurgissent là où l’on pensait l’épidémie déjà maîtrisée.
Inquiétant aussi, le fait que près de la moitié des nouveaux cas recensés n’ont pu être confirmés qu’après leur décès. Cela témoigne de la grande méfiance qu’inspirent toujours les centres de traitement Ebola à une partie de la population. « Beaucoup ne cherchent même plus à obtenir des soins », a déploré jeudi la Croix-Rouge dans un communiqué. Ou bien préfèrent se rendre dans des centres de santé locaux, souvent mal équipés et où les contaminations sont fréquentes. Ce qui accélère la propagation de l’épidémie et rend difficile le suivi des personnes ayant été en contact avec des malades.
Un climat volatile, qui fait craindre une propagation d’Ebola dans une grande ville comme Goma épargnée jusque-là. Ou encore à des pays voisins, qui n’ont cessé de renforcer les contrôles aux frontières ces dernières semaines.
Une décision qui « ne change rien à notre détermination à mettre fin » à l’épidémie
Pour la deuxième fois, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) s’est donc réunie en urgence vendredi à Genève à propos de l’épidémie d’Ebola en RDC. Pour la deuxième fois également, l’organisation a décidé de ne pas élever le niveau de vigilance. Elle aurait par exemple pu recommander d’imposer des restrictions de voyage. Mais ça n’apporterait aujourd’hui aucun bénéfice dans la lutte contre la maladie, selon l’OMS. Elle n’a toujours pas dépassé les frontières de la RDC. Sauf que le risque est de plus en plus grand. Surtout que l’argent vient à manquer.
« Le fait que nous n’ayons pas déclaré l’épidémie comme une urgence de portée internationale ne change rien à notre détermination à y mettre fin, souligne Tedros Ghebreyesus, directeur de l’OMS. Nous appelons la communauté internationale à intensifier son engagement. Nous ne pouvons pas augmenter nos efforts si nous n’avons pas assez d’argent. À cause du manque de fonds, nous avons dû diminuer nos activités de prévention dans les pays voisins de la RDC. »
L’OMS demande 148 millions de dollars pour ses activités de lutte anti-Ebola. Seule la moitié lui est pour le moment parvenue. Il y a quelques semaines encore, Tedros Ghebreyesus disait espérer mettre fin à l’épidémie d’ici six mois. Ça sera sans doute beaucoup plus long, a lâché le patron de l’OMS.