Le président congolais Félix Tshisekedi est attendu ce vendredi à Lubumbashi pour son premier déplacement dans l’intérieur de la RDC depuis son investiture. Il doit notamment y présider une réunion du Conseil supérieur de défense consacrée à l’insécurité qui s’accroit depuis six mois dans la deuxième ville du pays. Ces derniers jours, plusieurs responsables de l’opposition et de la société civile ont accusé l’ex-chef de milice Gédéon Kyungu d’en être l’un des responsables, ce que son entourage dément. Malgré les appels répétés de la société civile pour qu’il retourne en prison, l’ex-chef de guerre vit dans une résidence huppée à Lubumbashi sans être inquiété.
L’insécurité à Lubumbashi n’est pas nouvelle, mais elle s’est nettement aggravée depuis octobre dernier. Viols, pillages et même assassinats sont devenus « quasi quotidiens », déplore Thimothée Mbuya, président de l’ONG Justicia. Le climat de « psychose » est tel dit-il, que des jeunes se sont constitués en groupes d’auto-défense. « Ils passent nuit dehors et n’hésitent pas à lyncher sans distinction toute personne suspecte ».
Un cercle vicieux qui inquiète. Qui est derrière ce regain de violence ? L’ONG Justicia pointe du doigtl’ex-chef de guerre Gédéon Kyungu, également accusé d’être en train de recruter de nouveaux miliciens dans trois territoires situés au nord de Lubumbashi. L’ONG plaide pour qu’il soit immédiatement remis en prison.
Le régime Kabila pointé du doigt
C’est aussi ce qu’a réclamé mercredi le mouvement Ensemble de l’ex-gouverneur Moïse Katumbi, pour qui « l’insécurité observée » est l’œuvre d’éléments de Gédéon Kyungu agissant « sous les ordres de plusieurs caciques » de l’ancien régime, des « généraux » réputés proches de l’ex-président Kabila dans le but « d’empêcher le retour de Moïse Katumbi » à Lubumbashi.
Thierry Mukelekele, porte-parole de Gédéon Kyungu dément catégoriquement ces allégations, et affirme que sa milice n’existe plus depuis sa reddition. Du côté des Nations unies, on dit enquêter sur ces accusations sans être en mesure pour le moment ni de les confirmer ni de les infirmer.
Condamné pour crime contre l’humanité en 2010, et sous sanction des Nations unies, Gédéon Kyungu s’était évadé de prison en 2011, avant de se rendre 2016 aux autorités qui l’avaient alors accueilli avec les honneurs.
En amont de sa visite à Lubumbashi, le président Tshisekedi a dépêché sur place le général John Numbi, désormais inspecteur général de l’armée, afin de trouver des « solutions appropriées » à l’insécurité qui prévaut dans la ville. En 2014, ce général avait été accusé dans un rapport du groupe d’experts des Nations unies d’apporter « diverses formes de soutien » aux miliciens de Gédéon Kyungu. Par ailleurs, dans son communiqué le mouvement Ensemble de Moïse Katumbi appelle le nouveau président congolais à assurer les « conditions nécessaires » à son retour en RDC en homme libre, et notamment à garantir qu’il ne serait pas arrêté s’il rentrait.