Les pro-Kabila ont encore remporté une victoire aux élections des gouverneurs et vice-gouverneurs qui se sont déroulées mercredi 10 avril dans 22 des 26 provinces de la RDC. L’UDPS a un seul gouverneur dans le Kasaï-Oriental, de même que la coalition Lamuka. Dans quatre provinces (Haut-Lomami, Kasaï-Central, Nord-Ubangui et Tshopo), un second tout sera nécessaire samedi.
A chaque nouveau scrutin, l’étau se resserre un peu plus sur le président congolais. Déjà minoritaire à l’Assemblée nationale, au Sénat, dans les assemblées provinciales, Félix Tshisekedi va également devoir composer avec une large majorité de gouverneurs acquis à son prédécesseur.
Parmi les élus figure même le propre frère de l’ancien président, Zoé Kabila, désormais gouverneur du Tanganyika. Et même lorsque ce n’est pas le candidat officiel du Front commun pour le Congo (FCC) qui a été élu, c’est le plus souvent un fidèle de l’équipe sortante. Exemple : Christophe Nangaa, frère du président de la Commission électorale, élu dans le Haut-Uélé face au candidat FCC.
Lors de ces élections indirectes, ce sont les députés des assemblées provinciales qui votaient. Une assemblée où l’ex-président est largement majoritaire. « Ce n’est pas une surprise, mais c’est une belle razzia », résume un observateur.
D’autant plus belle qu’en RDC, les gouverneurs ont d’importants pouvoirs, notamment sur les forces de polices locales. Le pouvoir d’autoriser ou non des manifestations par exemple. « Ils peuvent être des relais précieux au moment de faire passer des réformes », souligne une source au FCC. Sans oublier, précise un conseiller, qu’en l’absence d’un système efficient de financement des partis politiques, les élus de premier plan jouent un rôle stratégique dans la captation des flux financiers. Or le parti de Félix Tshisekedi en compte bien peu dans la nouvelle configuration.
Mercredi, au sein de l’UDPS, certains ne cachaient pas leur colère de voir leur président ainsi encerclé par le FCC et s’interrogeaient sur la nature réelle de la coalition de partage du pouvoir nouée entre Cach et le FCC, au sein de laquelle le Front commun ne semble vouloir faire que très peu de concessions.
Dans un communiqué publié mercredi soir, le FCC s’est lui félicité « des victoires obtenues une fois de plus dans la majorité des provinces » et félicite les députés provinciaux pour leur « sens de la discipline et de l’engagement en faveur de la cause défendue » par l’autorité morale du FCC, l’ex-président Kabila. La coalition demande aux nouveaux gouverneurs de « se mettre au service de la population, en parfaite harmonie » avec le nouveau président et le gouvernement dont on attend toujours la nomination.
Pas d’élections dans quatre provinces
Quatre provinces n’ont pas participé à l’élection des gouverneurs des provinces organisées mercredi. Elles doivent se tenir ce samedi 13 avril dans le Sud-Ubangui et le Sankuru où elles ont été reportées. Officiellement, pour des raisons administratives et techniques. Mais en réalité, selon plusieurs sources, la Céni a reporté ces scrutins surtout pour des raisons de sécurité.
Dans la province du Sankuru, par exemple, dans sa décision rendue publique mardi, le Conseil d’État avait demandé à la Céni de suspendre l’organisation de cette élection jusqu’à l’épuisement du litige qui oppose deux candidats, l’ancien ministre de la Communication, Lambert Mende, et Stéphane Mukumadi, écarté de la course et accusé de détenir également une autre nationalité que la nationalité congolaise.
Finalement, la Céni décide de passer outre la position du Conseil d’État et annonce qu’elle va organiser ce scrutin ce samedi avec un seul candidat qui est Lambert Mende.
Même chose pour la province du Sud-Ubangi où la Commission électorale maintient les cinq candidats qui figurent sur sa liste définitive.
Par ailleurs, pour les provinces du Nord-Kivu et de Maï-Ndombe, ces élections sont prévues le 30 mai étant donné qu’elles dépendent de l’issue des élections législatives provinciales dont les résultats provisoires n’étaient publiés que ce mardi.