Au Soudan, depuis samedi dernier, des dizaines de milliers de personnes sont rassemblées sur la place devant le quartier général militaire. Les manifestants ont installé des tentes, ils vivent là et fêtent la parole libérée. Parmi eux, une femme vêtue de blanc est devenue le symbole de cette révolution. Une vidéo la montrant juchée sur une voiture au milieu de la foule a été partagée des milliers de fois.
La révolte soudanaise a désormais son icône : elle s’appelle Ala’a Salah. Elle est devenue le symbole des milliers de femmes soudanaises qui réclament leurs droits en manifestant dans un pays où les femmes sont jugées pour le simple fait de mettre un pantalon.
Toute de blanc vêtue, avec ses bijoux à la manière traditionnelle soudanaise, Ala’a Salah reflète la culture et l’âme de la société soudanaise.
« Nous avons notre statue de la liberté », note un internaute sous la photo de cette étudiante de 22 ans, qui réaffirme le rôle clef joué par la femme dans la contestation. Les femmes participent activement aux manifestations depuis le 19 décembre.
Elle se tient fièrement, débout sur le toit d’une voiture au milieu du rassemblement et chante la révolte en poésie populaire avec spontanéité.
La foule répète derrière elle en refrain : « Thawra ! thawra » (« Révolution ! Révolution ! »).
« La balle ne tue pas, ce qui tue c’est le silence de l’homme », chante encore la jeune femme, avant de répéter : « Ma bien-aimée est une Kandaka ». Kandaka désigne la beauté et la lutte pour les droits des anciennes reines nubiennes.
Depuis le début du mouvement de protestation, les manifestantes sont désignées comme « Kandaka ». Pour beaucoup à Khartoum, « la révolution soudanaise est une femme ».