En Libye, le maréchal Haftar a lancé une démonstration de force en menant une offensive surprise sur la capitale. Une opération baptisée « Libérer Tripoli ». Mais ces dernières heures, les combattants de l’homme fort de l’Est ont été repoussés à une trentaine de kilomètres de la capitale. Le Conseil de sécurité de l’ONU doit se réunir en urgence ce vendredi.
Jeudi, l’Armée nationale libyenne (ANL) avait, dans un premier temps, pris possession d’un point de contrôle aux portes de la capitale, Tripoli. Mais aujourd’hui à l’aube, le rapport de force a basculé. Selon des sources sécuritaires, la milice locale de Zawiya, une ville voisine, a repris le contrôle de ce barrage.
Des images, des photos et des vidéos de ces prisonniers capturés circulent sur la toile, mais l’ANL garde le silence pour le moment. La force de protection de Tripoli, une coalition de milices de la capitale, indique avoir participé à cette contre-offensive pour stopper l’ANL. La presse libyenne fait par ailleurs état de combats au sud-ouest de Tripoli, dans la ville d’Azizia, alors que les deux camps renforcent le déploiement de leurs troupes.
L’influence d’un pays arabe
Par ailleurs, des médias libyens ont diffusé, documents à l’appui, des informations sur plusieurs chefs de milices et même des membres du gouvernement qui ont fui vers la Tunisie ou la Turquie, à l’approche des forces venues de l’est. Du côté du gouvernement internationalement reconnu, Fathi Bach Agha, le ministre de l’Intérieur, multiplie les déclarations depuis ce jeudi. Il accuse, sans le nommer, un pays arabe d’avoir donné le feu vert à cette offensive de l’ANL. Il y a moins d’une semaine, Khalifa Haftar avait été en Arabie saoudite. Il avait rencontré le roi Salman et le prince héritier.
Ces affrontements suscitent l’inquiétude de la communauté internationale. Jeudi, dès l’appel du maréchal Haftar de marcher sur Tripoli, Paris, Washington, Londres, Rome et Abou Dhabi ont appelé toutes les parties à faire baisser immédiatement la tension. Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a, lui, demandé l’arrêt de tous les mouvements militaires. « La solution doit être politique », a-t-il dit. Le Conseil de sécurité doit se réunir en urgence ce soir pour évoquer cette situation.
■ Quelle est la stratégie du maréchal Haftar ?
L’ambiguïté domine la situation. Khalifa Haftar a annoncé sa volonté de marcher sur Tripoli, mais l’on ne sait pas si l’offensive vise à encercler la ville ou à entrer vraiment dans la capitale, ce qui impliquerait très certainement un bain de sang. Selon l’accord politique interlibyen de 2015, les milices devaient être intégrées dans la police et l’armée, mais cela ne s’est pas fait et ces groupes, porteurs d’un projet politique islamiste pour le pays, sont devenus non pas les rivaux du chef de l’Armée nationale libyenne mais de toute une partie des citoyens.
De plus, cette offensive intervient quelques jours avant la conférence nationale pour la réconciliation qui doit se tenir en Libye le 14 avril. Khalifa Haftar cherche-t-il à démontrer à la communauté internationale qu’il est le seul maître de la Libye ? Il a récemment étendu sa domination sur le Sud du pays en plus de l’Est. Une grande partie des Libyens est convaincue que les deux camps ne veulent ni élections ni réconciliation, mais se livrent à une lutte acharnée pour conquérir le pouvoir par la force.