A l’approche des élections prévues le 8 mai, les habitants du « township » d’Alexandra, au nord de Johannesburg, ont décidé de faire passer un message à leurs élus locaux, appartenant désormais au camp de l’Alliance démocratique (DA). Pour attirer leur attention sur leurs conditions de vie, ils ont bloqué l’accès au quartier, et manifesté dans les rues toute la journée de mercredi. Principale réclamation : l’amélioration des services publics, le contrôle des habitations illégales qui se développent, et l’attribution transparente de logements, dans cette zone pauvre de Johannesburg.
Tommie danse et chante parmi la foule regroupée à l’entrée du township. Sur son ventre s’étale la trace rouge d’une balle en caoutchouc reçue un peu plus tôt. Mais rien ne saurait le faire quitter la rue. « Là, on brûle des pneus, et on a bloqué la route, là-bas. On veut les obliger à nous écouter. Moi je suis toujours sur liste d’attente pour un logement. Chez moi, il y a des ordures partout, c’est le chaos, il n’y a rien, aucun service public. Avant c’était l’ANC au pouvoir, maintenant la DA, mais il n’y a toujours rien ! »
Rien n’a changé pour les habitants
Selon Thabiso, rien n’a changé pour les habitants du township, depuis la fin de l’apartheid, malgré les nombreuses promesses d’une vie meilleure : « S’il l’on compare 1994 à maintenant très peu a été fait pour changer les choses. Aujourd’hui, on vit dans les mêmes conditions que connaissaient déjà nos parents. Je suis vraiment en colère. Et on a découvert qu’il y a beaucoup de corruption dans l’attribution de logements, c’est aussi pour cela que l’on manifeste aujourd’hui. »
Les communautés immigrées ciblées
Cette colère s’adresse aux élus, mais les habitants prennent aussi rapidement pour cible les communautés immigrées, venues du Zimbabwe, ou du Nigeria. Pontsho les accuse d’avoir plus facilement accès à des logements sociaux : « Ce sont eux qui ont la main sur les logements. Il faut venir nous expliquer pourquoi ces étrangers ont des maisons alors que nous, citoyens sud-africains, nous n’y avons pas droit. »
Le pays connaît régulièrement des vagues d’attaques sur fond de tensions xénophobes : elles ont fait trois morts la semaine dernière, près de Durban.