La situation au Sahel a fait l’objet d’une réunion ministérielle du Conseil de sécurité à New York après la visite des diplomates au Mali et au Burkina Faso la semaine dernière. Six mois après l’élection du président Keïta, il s’agissait de faire un point d’étape sur les progrès accomplis sur le terrain et notamment dans la mise en œuvre de l’accord de paix. Mais ce rendez-vous a surtout permis de mesurer le fossé entre la France et les États-Unis sur l’avenir à donner à la Minusma, la mission de l’ONU au Mali dont le mandat doit être renouvelé au mois de juin prochain.
Avec notre correspondante à New York, Marie Bourreau
On pouvait difficilement imaginer des conclusions plus antagoniques. D’un côté, Paris se félicite des progrès accomplis au Mali et du sursaut dans la mise en œuvre de l’accord de paix. Ce sursaut doit toutefois se confirmer et s’inscrire dans la durée, a prévenu le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian qui a demandé aux autorités maliennes de s’engager sur une nouvelle feuille de route sans quoi Paris pourrait demander de nouvelles sanctions.
Mais Washington a un autre son de cloche : « Nous sommes déçus face à l’absence de progrès significatifs », martèle le sous-secrétaire d'État aux Affaires politiques, David Hale, qui demande à Antonio Guterres le secrétaire général de faire des recommandations pour adapter significativement le mandat de la Minusma. « Le moment est venu de voir si une opération de maintien de la paix est bien le meilleur moyen de régler la situation au nord du Mali », prévient-il à trois mois du renouvellement de la Minusma prévu en juin prochain.
Sous pression, le Premier ministre malien a mis en avant des progrès – lents et fragiles : « Trop fragiles pour que la communauté internationale se retire maintenant », a- t-il plaidé.