C'est un sujet digne d'un roman d'espionnage : un ex-espion français, que la justice suspecte d’avoir cherché à tuer un opposant congolais exilé en France, a lui-même été assassiné. Le corps de Daniel Forestier, 58 ans, a été retrouvé sur un parking à une vingtaine de kilomètres de Genève. Sa mort remontait au 21 mars, mais l'identité de l'ancien agent de la DGSE, la Direction générale de la sécurité extérieure, n'a été confirmée que mardi soir. Cet assassinat, qui s’apparente à une exécution soulève de multiples questions en France et en Afrique.
Daniel Forestier est un ancien du service Action de l’armée française, une unité secrète placée sous le commandement de la DGSE, un service de renseignement français. A Lucinges, la commune de Haute-Savoie où il était conseiller municipal, tout le monde était au courant, selon le maire Jean-Luc Soulat : « On savait qu’il était de la DGSE, mais on ne parlait pas du détail de son activité, qui est une carrière un peu particulière au sein de l’armée, c’est des services assez spéciaux. »
La justice française, elle, s’intéresse au détail. Car Daniel Forestier avait été mis en examen, l’an dernier, pour « association de malfaiteurs » et « détention d'explosifs ». Avec un autre ancien agent de la DGSE, il aurait projeté d'assassiner un opposant au président Denis Sassou-Nguesso, le général Ferdinand Mbaou. Cet ancien chef de la garde présidentielle sous Pascal Lissouba avait déjà été blessé par balle dans une tentative d'assassinat en 2015.
Un de ses avocats, maître Henri Thulliez, s’interroge sur les liens éventuels entre ceux qui en veulent à son client et ceux qui ont tué Daniel Forestier : « La question c’est de pouvoir et offrir justice à monsieur Mbaou et offrir justice à monsieur Forestier assassiné dans des conditions qui paraissent abominables, ça ressemble fortement à un règlement de compte, mais à l’heure actuelle je ne suis pas capable de dire s’il y a un lien. »
Daniel Forestier avait publié des romans à compte d’auteur. Dans Barbouze de la République, il est question d’un ex-agent de la DGSE qui dépend désormais de la « réserve », une cellule regroupant d’anciens espions.