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Ouganda: la militante Stella Nyanzi jugée pour un poème publié sur Facebook

Stella Nyanzi, une intellectuelle féministe, comparaît depuis le 20 mars devant un tribunal de Kampala pour offense au chef de l’Etat notamment. Cette anthropologue, ancienne professeure de l’université Makerere, est détenue depuis plus de quatre mois pour un poème publié sur sa page Facebook.

De prime abord, il s’agit d’un procès pour offense au chef de l’Etat, Yoweri Museveni, au pouvoir depuis 1986. Stella Nyanzi, anthropologue de formation, est accusée de communication « offensante » et de cyberharcèlement. Le parquet lui reproche d’avoir écrit et publié sur sa page Facebook un poème « obscène » sur le président Museveni. Ce texte, certes cru, se termine sur une phrase on ne peut plus claire : « Je ne serai pas muselée ».

Pour la défense, il s’agit donc d’un procès sur la liberté d’expression sur les réseaux sociaux, car Stella Nyanzi a été inculpée en vertu de la loi ougandaise sur « la mauvaise utilisation des ordinateurs ».

« Ce jugement aura valeur de test pour la liberté d'expression en Ouganda, affirme Me Isaac Ssemakadde, son avocat. Elle permettra de savoir jusqu'à quel point on peut tenir des propos critiques et radicaux sur Facebook et Twitter. Le procureur a choisi de faire un exemple de Madame Nyanzi, même si ce qu'elle a posté sur Facebook ne viole aucune loi pénale, pour réduire au silence ceux qui tiennent des propos critiques et radicaux sur les réseaux sociaux. »

Stella Nyanzi a déjà eu des démêlées avec la justice dans « l’affaire » dite de la « paire de fesses ». C’est l'expression qu’elle avait employée pour décrire le chef de l’Etat en 2017. Ce procès-là risque de se conclure sur un non-lieu parce que l’accusée refuse de subir l’examen médical ordonné par le procureur et visant à déterminer si elle est saine d’esprit.

Le procès qui s'est ouvert mercredi à Kampala devrait durer deux mois.

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