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Présidentielle aux Comores: les nombreuses attentes de la population

Les Comores s’apprêtent à voter pour le premier tour de l’élection présidentielle anticipée. 308 000 électeurs sont appelés à partir de dimanche matin à choisir entre 13 candidats, dont le président sortant Azali Assoumani. Que le chef de l’État sortant ou un de ses opposants l’emportent, les Comoriens ont beaucoup d’attente dans tous les domaines.

Après la prière de l’après-midi, Kinkin, 63 ans, vient se détendre sur la place Gobachu. Le retraité dit ne pas trop s’inquiéter pour lui. Par contre il attend beaucoup du futur président pour l’avenir de ses cinq enfants.

« A 63, je dois me reposer mais les jeunes, là, ils doivent prendre le relai. Il y a des gens qui ont des bac+ et qui traînent. Et les postes, ce sont des postes politiques. Ils ne les donnent pas à des gens qui ont des compétences, donc on n’a pas d’espoir pour ces petits. Il faut qu’il y ait un avenir. »

Réforme et réconciliation

Au café du port l’ambiance est toute autre. Tous les jours on y tient des débats politiques appelés « Commentaires ». Mohamed Athoumani, fiscaliste actuellement sans emploi, pense lui à une vaste réforme économique. « Beaucoup de produits locaux sont importés de Madagascar ou de Dar-es-Salaam. Il faut que nous ayons des élevages, des poissonneries et des champs pour cultiver les bananes et le manioc, les ignames, etc. Nous ne sommes pas beaucoup, nous sommes au moins 2 millions. Il nous faut une autosuffisance alimentaire. »

À côté de lui, Daniel Nabhan, un pêcheur de 40 ans, place en priorité la réconciliation nationale et le retour dans le giron des Comores de l’île de Mayotte, française depuis plus de 40 ans. « Il faut que nos îles arrêtent de se diviser et qu’elles cohabitent. Après on récupèrera Mayotte. Ce sont les réseaux de la Françafrique qui entrainent ces conflits. Le prochain président devra unir le pays. »

Travail et infrastructures

Certaines préoccupations concernent surtout les îles d’Anjouan ou Mohéli face au pouvoir central, estime une jeune étudiante. Et d’autres sont des problématiques que l’on retrouve indistinctement dans tout l’archipel.

« Par exemple, quand moi qui ai été scolarisée ici, au bout du compte je suis obligée d’aller poursuivre mes études en Grande Comore, c’est dur pour nous, explique cette habitante d’Anjouan. J’ai des petits frères et sœurs dont ma mère doit s’occuper ici, comment peut-elle trouver de l’argent pour m’en envoyer en Grande Comore ? Tout ça en plus pour risquer de ne pas trouver du travail dans ma branche. »

D’autres réclament que l’accent soit mis sur les infrastructures. « Nous, tout ce qu’on veut, c’est la réparation des routes parce qu’elles ne sont vraiment pas bonnes, déplore cet homme. Pourtant on nous réclame sans arrêt des choses : patente, vignette et autres… Le gouvernement ne se mobilise jamais pour nous aider. Il pourrait dire "faites tel papier mais pas celui-là" en attendant que les choses s’améliorent. »

« Ils nous ont tous mentis »

Mais pour cet Anjouanais, il est inutile d’espérer de véritables changements de la part du futur président. « Tout est difficile. Moi je ne travaille pas pourtant chaque jour il faut que j’utilise 20€ donc la vie est dure. On n’y croit plus. Le président qui viendra sera hypocrite comme les autres. Ils nous ont tous menti et nous, on est des petits, on n’a pas le choix. »

Les Comores ont été classées 23e pays le plus pauvre du monde en 2018 avec un produit intérieur brut de 837$ par habitant. Et quel que soit le vainqueur, le prochain président aura du pain sur la planche s’il veut satisfaire les Comoriens.

Nous rappelons à tout le monde que, ce qui importe, c’est que les citoyens comoriens puissent gagner dans cette élection.
Patrice Emery Trovoada
22-03-2019 – Par Sébastien Nemeth

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