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Mozambique: face à l’ampleur du désastre, l’ONU tire la sonnette d’alarme

Le Mozambique est toujours dans la détresse une semaine après le passage du cyclone Idai. Les secours s'organisent peu à peu dans la deuxième ville du pays, détruite à 90%, selon les agences humanitaires. Et la situation reste tendue. Le chef de l'opération Rescue South Africa a dénombré trois incidents sécuritaires jeudi, « tous liés à la nourriture ». Un nouveau bilan provisoire publié ce vendredi 22 mars fait état de 259 morts au Zimbabwe et 257 disparus. Au Mozambique, le bilan officiel est encore de 242 morts et des centaines de disparus, et la décrue qui a commencé laisse présager le pire.

Le secrétaire général de l'ONU António Guterres a appelé dans un communiqué la communauté internationale à multiplier les dons pour les milliers de rescapés du cyclone Idai en Afrique australe.

« Nous devons tous affirmer notre solidarité avec les populations du Mozambique, du Malawi et du Zimbabwe », a-t-il déclaré. « Je voudrais faire un appel fort à la communauté internationale pour accentuer le soutien » à ces pays, a-t-il précisé, rappelant que l'ONU avait dégagé 20 millions de dollars en première aide d'urgence. « Cependant, une bien plus grande aide internationale est nécessaire », a souligné.

Les journalistes présents à Beira rendent compte de l'ampleur du désastre : la ville portuaire, située à l'embouchure des rivières Pongwe et Buzi, a été presque entièrement noyée. Et les secours s'organisent doucement face à l'étendue des tâches qui leur incombent. Non seulement dans la ville, mais tout le long des cours d'eau sortis de leur lit qui ont ravagé les alentours, villages, récoltes, et routes comprises.

Les sinistrés se comptent en centaines de milliers, 600 000 pour le seul Mozambique, selon l'ONU. Et ils sont démunis de tout, avec des prix qui s'envolent, alors que des centaines de survivants secourus dans les campagnes viennent peu à peu les rejoindre.

Dans son briefing quotidien ce vendredi matin, le porte-parole de l'agence humanitaire de l'ONU a fait état d'une certaine tension qui règne désormais dans la ville, avec des gens privés d'eau potable et de nourriture depuis des jours et qui donc, parfois, se servent où ils le peuvent.

Alors que la décrue commence doucement, un témoignage recueilli par des journalistes étrangers fait craindre le pire pour les jours qui viennent : un homme qui est parvenu à rejoindre le Zimbabwe par la route dit avoir vu des centaines de cadavres sur 6 km de route, émergés après le retrait des eaux.

Problèmes de financement

Sous les eaux, ce sont toutes les infrastructures de base de l'Etat qui ont été englouties dans les zones inondées, écoles, routes, hôpitaux, électricité. Or dans l'état actuel des choses, financièrement, la reconstruction n'est pas possible. C'est ce qu'explique Celeste Banze, économiste et enquêteuse du centre mozambicain pour l'intégrité publique.

« C'est un processus de reconstruction qui n’était pas prévu dans le budget de l’Etat. Il n’y avait pas de liquidités suffisantes pour faire face à des catastrophes naturelles de cette ampleur. Donc, c’est tout un contexte où le pays se trouve déjà fragilisé de par le manque d’appui à son budget et souffre d’un certain isolement par rapport aux financements de la communauté internationale », explique Celeste Banze.

Le pays ne pourra donc pas répondre aux besoins des populations qu'avec de l'aide internationale. Mais le Mozambique est marqué par des scandales de corruption à répétition. Les donateurs sont donc réticents. Celeste Banze estime que c'est une opportunité pour exiger la transparence de l'agence nationale de gestion des calamités, l'INGC. « L’INGC, dans un moment comme celui-là doit surtout faire preuve de plus de dynamisme et montrer que ses comptes sont transparents parce qu’il existe beaucoup de réticences à canaliser des dons vers l’INGC à cause du manque de transparence dans sa gestion ».

Pour l'heure, les agences humanitaires estiment que le Mozambique pourrait à court terme compter jusqu'à 2 millions de sinistrés.

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