Raconter son pays en bande dessinée, tel est l'objectif du dessinateur Didier Kassaï. Auteur d’un premier tome « Tempête sur Bangui » en 2015, Didier Kassaï s’est imposé comme un auteur de référence en Centrafrique. Edité par la boîte à bulles, il a déjà vendu plusieurs milliers d’exemplaires. Il y a quelques mois son 2e tome est sorti et il prépare déjà le 3e opus. A travers ces ouvrages, il raconte la crise à sa manière.
Pendant les évènements Didier Kassaï se retrouve sans emploi. Il publie alors des dessins sur les réseaux sociaux en réaction aux informations diffusées dans les médias qu’il estime biaisées. De là naît l’idée d’une BD qui racontera sa vérité de la crise. Et toujours avec l’intention de raconter les gens et leur quotidien.
« On est toujours obligé d’intervenir, de donner un peu de voix, explique l’illustrateur. Il y a des journalistes qui font ce travail, nous, artistes on a aussi le devoir de faire ce même travail. De donner, de servir de porte-voix pour cette population meurtrie qui souffre dans la totale indifférence. Donc voilà, c’est ce travail que je fais depuis 2012. »
Le dessin de Didier Kassaï est très reconnaissable. Les personnages sont peu détaillés. Des gros yeux, et des grosses lèvres, des gestes parfois maladroits qui prêtent à sourire malgré la gravité des histoires racontées.
« C’est vrai que c’est une histoire de violence, une histoire de guerre que je raconte. Je ne veux pas trop frustrer le lecteur. Je veux que ce soit une histoire de guerre mais que ça donne quelque chose du genre comique, qui permet aux gens de rire de temps en temps. Je voulais aussi montrer ce qu’est la Centrafrique. Ce que sont les Centrafricains. Comment ils vivent. Ce qu’ils font chaque jour. Il y a tellement de choses. C’est vrai qu’il y a de la violence, mais même quand il y a de la violence, les gens sourient. »
Le coup de crayon est rapide et sûr. Un travail qu’il réalise, radio toujours allumée.