En Somalie, les frappes américaines contre les jihadistes se sont multipliées depuis l'arrivée de Donald Trump au pouvoir. Chaque fois, le commandement militaire américain nie l'existence de victimes civiles. Or Amnesty International publie ce mercredi 20 mars un rapport accablant pour Washington. Sur la centaine de frappes aériennes reconnues par les Etats-Unis en Somalie, l'enquête de l'organisation en détaille cinq, vues depuis le sol, et dénombre quatorze morts de civils.
Ils travaillaient aux champs, se déplaçaient entre villages ou dormaient sous un arbre. Leur malheur est d'avoir vécu dans la brousse de la Basse-Shabelle, une région tenue par les shebabs. Lesquels d'ailleurs ne les traitaient pas autrement qu'en suspects. Un jour ou une nuit, ils ont été visés sans raison apparente par un tir de drone. Eux et tous ceux qui se trouvaient dans les parages, jihadistes, gamins du village ou fermiers…
Amnesty International a dénombré 14 civils tués et 8 blessés, dans cinq frappes, entre octobre 2017 et décembre 2018. Et chaque fois, côté américain, le déni. Dans aucune des frappes détaillées par Amnesty le commandement américain n'a en effet reconnu de victimes civiles, encore moins de bavure.
Pourtant, les témoignages sont formels : tous étaient connus dans leur village, souvent soutiens de famille. Souvent aussi, ils subissaient la loi des shebabs. Ils avaient de bonnes raisons d'être là où ils ont été tués, sur un bord de route ou dans un champ.
L'organisation souligne que ces morts sont aussi une conséquence d'un changement de doctrine depuis l'élection de Donald Trump. Avant le 30 mars 2017, les Américains devaient avoir une « quasi-certitude » sur l'identité de leurs cibles pour s'autoriser à tirer. Désormais, le critère est une « certitude raisonnable ».
Mardi après-midi, ce sont quatre personnes, dont un employé d'une compagnie de télécommunications, qui ont été tuées près de la ville d'Afgoyé, à l'ouest de Mogadiscio, dans ce qui est identifié par des témoins comme une frappe aérienne américaine.